Les sections syndicales d'entreprise se mobilisent

Par - Le 01 octobre 2014.

Saint-Étienne, 12 septembre. Réunis à
l'initiative de la CFDT Rhône-Alpes, épaulée
ce jour-là par l'Agence nationale de lutte
contre l'illettrisme (ANLCI), une quinzaine de
délégués syndicaux investissent la Bourse
du travail. Objectif : aider les militants en
poste à mettre en place des plans d'action
dans leur entreprise.

L'illettrisme, objet de dialogue
social


Les illettrés ne travaillent pas ? Faux, rappelle
Éric Nedelec, coordonnateur national
de l'Anlci : “51 % des personnes en situation
d'illettrisme sont en activité professionnelle."
Une proportion souvent mal connue
du fait de la discrétion des salariés concernés,
qui justifie l'intervention des délégués
syndicaux.

Interlocuteurs de proximité, interface entre
la direction et ses employés, ceux-ci apparaissent
en effet particulièrement bien placés
pour nouer une “relation de confiance".
Autre avantage, invoqué par Laurent Picoto,
secrétaire général de l'Union départementale
CFDT Loire : “L'illettrisme est un sujet rassembleur
qui peut améliorer le dialogue social."
“Pour avancer, il y a nécessité d'un double
mouvement", livrait pour sa part Anne
Mességué, chargée de mission régionale
pour la prévention et la lutte contre
l'illettrisme au SGAR [ 1 ]Secrétariat pour les affaires régionales.-ANLCI,“d'abord,
de la part des organisations et des politiques
qui se doivent d'informer, ensuite,
de la part d'acteurs de terrain agissant en
proximité territoriale" et en lien avec les
acteurs internes de l'entreprise.

Agir (ou pas)

Après ce temps collectif de présentation des
enjeux, le travail en atelier pouvait commencer,
chacun expliquant à tous la problématique
rencontrée dans son entreprise. Sans
surprise, la réaction à l'illettrisme dépend
fortement de la conception du management :
licenciement pour inaptitude, recherche de
solutions par la formation ou, voie médiane,
l'inaction, tout est possible !

Surtout, le témoignage de Zahra, déléguée
syndicale d'une entreprise du secteur de la
propreté, vient démontrer que les meilleures
intentions ne sont pas toujours suffisantes.
Malgré une démarche positive de la direction
qui décide d'intégrer la problématique
dans le plan de formation, l'action échoue.
D'abord parce que les différents publics
sont mélangés, mais aussi par manque de
motivation des salariés concernés et par un
accès à la formation rendu encore plus difficile
par la présence de multi-employeurs.

Le sujet passionne autant qu'il
est complexe


À l'initiative de Pierrick Aillard, secrétaire
général de l'Union départementale CFDT
Loire et animateur de la session, un temps
est consacré au renseignement individuel de
“fiches de formalisation d'un plan d'action".
Face à une situation où l'inaction prévaut,
Frédéric, délégué dans le textile, propose
de se fixer pour objectif de “convaincre
l'employeur et de « vendre » le sujet aux
salariés".

Décrivant les “obstacles prévisibles", il évoque
l'employeur qui “ne sait pas comment faire
et la difficulté d'aborder le sujet avec le
personnel". La solution est esquissée sous
forme de propositions de tâches à accomplir.
Dans ce cas, ce sera l'organisation de
rencontres avec l'employeur, en partenariat
avec des acteurs externes qui viendront en
appui (Opca, ANLCI, etc.). Dans le cas de la
problématique des multi-employeurs évoqués
par Zahra, la proposition d'intervenir
directement au niveau des négociations de
branche est formulée.

Alors que la matinée s'achève, l'évidence
est là : le sujet passionne autant qu'il est
complexe, il faudra se revoir. D'ici là, tous
repartent avec de nouveaux outils destinés à
les faire monter en compétence, à commencer
par un “kit de sécurisation des parcours
professionnels" réalisé par la CFDT en collaboration
avec l'ANLCI.
À découvrir ici

Notes   [ + ]

1. Secrétariat pour les affaires régionales.