Jean-Pierre Willems, espiègle expert

Par - Le 01 octobre 2014.

Rendez-vous avait été pris au métro Notre-
Dame-de-Lorette, 9e arrondissement parisien.
Dénomination chantante qui convient
parfaitement à Jean-Pierre Willems : 52 ans,
juriste, consultant, enseignant, formateur...
et Toulousain jusqu'en 2009, date à laquelle
il consentit à s'installer à Paris, pour des
raisons que la raison ignore.

Ouvert à seulement 24 ans, son cabinet
aura grandi à la faveur de rencontres dont
il rappelle volontiers l'importance : d'abord,
Pierre Dejean, universitaire qui lui mettra
le pied à l'étrier, ensuite les consultants
Michèle Boumendil et Jean-Marie Luttringer,
sans oublier Jean Wemaëre, le PDG de
Demos, qui salue “un homme passionné,
brillant expert et grand pédagogue qui sait
aller à l'essentiel".

Des valeurs puisées
dans le sport ?


Spécialiste du droit du travail et de la formation,
Jean-Pierre Willems conserve du Sud-Ouest
un attrait pour le rugby qui lui fait choisir de
placer son blog sous le signe d'une citation
de l'ancien capitaine de l'équipe de France,
Pierre Villepreux : “La compétence, c'est
l'intelligence situationnelle", définition
dont il prise tout autant la concision que la
réconciliation de l'intellect et du manuel.
Si le rugby est une culture, le cyclisme,
qu'il pratiquait à haut niveau en ses jeunes
années, lui a légué le goût de l'effort et de la
compétition. Ajoutons un penchant pour la
“rigueur", qu'il attribue à l'origine flamande
de son patronyme, et se dessine en creux
un portrait auquel il convient d'ajouter une
solide touche d'humour, volontiers mordant.
Comme lorsqu'il choisit d'illustrer un billet
sur les politiques qui martèlent l'absence
d'alternative, d'une photo représentant des SDF
allongés à même le trottoir sous un tag à valeur
d'épigramme : “J'ai parfois l'impression de
m'adresser à un mur"...

Engagez-vous...

Engagé, Jean-Pierre Willems ? Quitte à passer
pour un “donneur de leçons", le consultant
sourit et assume : “Si on ne s'engage pas,
on manque de liberté", commente-t-il, en
réfutant toutefois le terme de “militant" :
Je n'imagine pas être là pour faire le bonheur
des autres et je n'aime pas beaucoup considérer
que je serais dans une vérité dans laquelle il
faudrait que les gens s'inscrivent..." Son credo ?
“Savoir respecter le positionnement de chacun
tout en les aidant à aller sur des chemins où ils
n'ont pas l'habitude d'aller."

Amateur d'art et de photographie, il n'hésite
pas à bousculer, comme lorsqu'il demande
à des managers de choisir parmi quelques
photos celle qui illustrerait selon eux le mieux
le droit du travail. “À partir d'un travail sur
les représentations, on peut commencer à
travailler sur une dimension opérationnelle",
explique-t-il. Commentaire de Michèle
Boumendil : “Il a une empathie tellement
énorme qu'il fait passer de façon extrêmement
pédagogique tout ce qui peut être complexe
et retors ; il ne reste pas dans une technicité
étroite et étouffante, mais va chercher aux
confins du droit − dans les arts, la littérature,
le cinéma, la peinture... − ce qui peut
transformer la matière juridique en un
humanisme", s'enthousiasme-t-elle.

N'ayez pas peur...

Animé en permanence d'un souci d'efficacité,
il aborde sans complexes la mission qui
vient de lui être confiée [ 1 ]Voir L'Inffo n° 862, p. 6. dans le cadre de
l'élaboration des listes du compte personnel
de formation : “D'abord ouvrir, réguler ensuite."
Surtout, ne pas compromettre le lancement
du compte en le plaçant sous le signe de
l'exclusion : “En mettant quantité de verrous
pour éviter les excès, les fraudes et les
détournements, le législateur prend le risque
de paralyser la loi", analyse-t-il.

Peu confiant en l'avenir du conseil en
évolution professionnelle, qu'il juge
porteur d'une “vision trop mécanique
de l'orientation", il croit en revanche au
potentiel du compte personnel de formation,
dispositif à ses yeux beaucoup plus
équilibré que ne l'était le droit individuel
à la formation : “Le tout-négociation ne
fonctionne pas, le tout-autonomie non plus,
le CPF permet d'avoir l'un et l'autre."

Notes   [ + ]

1. Voir L'Inffo n° 862, p. 6.