L’ancien président de la Commission européenne, fondateur de “Notre Europe – Institut Jacques Delors”

“Erasmus Pro" : l'Institut Jacques Delors plaide pour un million d'apprentis en Europe d'ici 2020

Par - Le 18 mai 2015.

Utiliser la mobilité européenne pour lutter contre le chômage des jeunes dans l'Union. Telle est l'ambition portée par les membres du groupe de travail de l'Institut Jacques Delors sur l'emploi et la jeunesse.

Signataires d'une tribune, publiée le 14 mai dans sa version courte dans Le Monde, Jacques Delors, Henrik Enderlein, Pascal Lamy, Enrico Letta, François Villeroy de Galhau, António Vitorino, Jean-Michel Baer et Sofia Fernandes appellent les responsables européens à mettre en place un nouveau programme de mobilité à l'échelle de l'Union.

L'objectif : permettre à un million de jeunes Européens d'acquérir d'ici 2020 une qualification professionnelle dans un autre pays européen. “L'ambition du programme Erasmus Pro doit être forte pour créer un effet mobilisateur auprès des jeunes et des entreprises et avoir un impact sur la réduction du chômage des jeunes en Europe."

“La Garantie pour la jeunesse ne porte pas les fruits espérés"

Aujourd'hui, ce sont 5 millions de jeunes, soit plus d'un jeune actif sur quatre, qui recherchent un emploi. La “Garantie pour la jeunesse", selon laquelle chaque jeune Européen doit recevoir une offre de qualité pour un emploi, une formation ou un stage dans les quatre mois suivant sa sortie de l'enseignement ou la perte de son emploi, “ne porte pas les fruits espérés. Elle rencontre d'importantes difficultés de mise en place. Les crédits accordés ne sont tout simplement pas utilisés : seuls quelques millions sur les 6,4 milliards d'euros disponibles depuis fin 2013 ont été mobilisés en 2014."

Mobiliser conjointement jeunes et entreprises

S'il existe déjà aujourd'hui un programme Erasmus + à destination des jeunes apprentis pour bénéficier de la mobilité pour une partie de leur formation, les signataires concluent à un impact limité dans le contexte européen actuel : “Cette initiative sera certainement utile lorsque l'ensemble des pays auront mis en place un système d'apprentissage de qualité, ce qui n'est pas le cas à ce jour. Les pays les plus touchés par le chômage sont également ceux qui ont le plus de retard dans ce domaine."

Pour relever le défi de l'insertion des jeunes dans l'emploi et de lutte contre le chômage, le groupe de travail propose de mobiliser conjointement jeunes et entreprises. “Il faut susciter chez les jeunes la volonté de faire partie de ce “million" de jeunes apprentis en mobilité et il est indispensable que les entreprises se sentent impliquées dans cette dynamique." Pour que le programme fonctionne, il devra, selon eux, offrir aux jeunes l'accès aux offres disponibles, la couverture des frais de mobilité et un accompagnement dans le pays d'accueil, mais aussi inciter financièrement les entreprises en participant au salaire versé à l'apprenti.

D'après les calculs de l'Institut, le budget consacré par l'Union devrait s'élever à 5 milliards d'euros par an.