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Partenariat école-entreprise : exemples à La Poste et chez Veolia

Par - Le 27 août 2015.

Dans un contexte de changements perpétuels, les agents économiques doivent sans cesse s'adapter. Alors, en quoi l'éducation, la formation et la qualification professionnelles peuvent-elles constituer de vrais leviers pour s'adapter aux métiers en mutation et répondre aux exigences du travail demain ?

Pour Philippe Bajou, directeur général adjoint en charge de la Transformation de La Poste, l'expérience du Groupe, qui vit des mutations importantes dues à l'irruption du numérique dans nos vies, apporte une réponse à la question. En effet, a-t-il expliqué, lors d'une rencontre [ 1 ]Atelier “Éducation, formation, qualification : 3 leviers d'insertion !" organisée, mercredi 26 août à l'École polytechnique (Palaiseau), dans le cadre des Entretiens enseignants-entreprises [ 2 ]Lancées en 2003 par l'Institut de l'entreprise, l'édition de cette année (25 et 26 août 2015) avait pour thème “Le travail demain". L'Institut de l'entreprise est un think-thank dont l'objectif est de mieux faire connaître aux enseignants de sciences économiques et sociales la vie et les besoins des entreprises..

En effet, si par le passé La Poste a su s'adapter aux évolutions de son environnement (notamment les évolutions des modes de transport), qui l'ont contrainte à faire évoluer ses modes de production, le moment qu'elle vit aujourd'hui est particulier. Pour la première fois, le document, le message est dématérialisé et la quantité de supports à transporter s'amoindrit. Pour la première fois également, les services, les commerces, ne nécessitent plus de relation en face-à-face. La fréquentation des bureaux de poste diminue comme celle des commerces.

Aujourd'hui, c'est donc l'essence-même de La Poste qui se trouve questionnée", a reconnu celui qui officie au sein du groupe depuis le début des années 80. Ainsi, “La Poste a fait le choix du développement de faire évoluer les compétences de ses [80 000] facteurs pour leur permettre d'exercer les nouveaux métiers de demain. La crise nous oblige à repenser nos métiers. Au total, 120 nouveaux services sont en cours d'expérimentation. Car nous avons la responsabilité de préserver notre capital humain et d'assurer l'employabilité de nos collaborateurs", a-t-il indiqué.

Dans son ambition de devenir un “lieu de solidarité et de stabilité", Veolia s'est aussi engagé à “développer les savoir-faire de ses collaborateurs tout au long de leur carrière professionnelle pour garantir leur employabilité ", a rappelé Isabelle Quainon, directrice de la formation et du développement des compétences du groupe qui emploie 200 000 personnes dont 40 000 en France.

Dans ce groupe, dont les services de gestion de l'eau, des déchets et de l'énergie connaissent un essor sans précédent, les enjeux de la formation sont multiples. “Il faut adapter en permanence les compétences à des métiers qui gagnent en complexité, anticiper les évolutions en formant des collaborateurs aux nouvelles technologies de l'économie verte, et permettre des évolutions de carrière de qualité dans l'exercice de notre métier", a indiqué celle qui pilote le réseau de Campus Veolia établi dans 10 pays.

Revaloriser l'alternance

Le groupe Veolia a également parié sur la formation des jeunes. Au point de créer, il y a une vingtaine d'années, des diplômes destinés non pas seulement qu'à ses agents. Ils contribuent à faire connaître les métiers du groupe. “À La Poste, nous faisons le pari de l'alternance", a indiqué Philippe Bajou, qui est aussi administrateur de “l'Envol", le campus du Groupe dédié aux “jeunes élèves talentueux et méritants". Le groupe “a également misé sur une politique active de recrutement, d'emplois en alternance et d'emplois d'avenir et de stages pur répondre aux défis qui lui sont posés". En 2014, 4 220 jeunes ont donc été formés en alternance, en contrat d'apprentissage ou de professionnalisation. Selon Isabelle Quainon, “plus de 80 % des jeunes accueillis en alternance chez Veolia restent dans l'entreprise. C'est un bon retour sur investissement".

Il faut donc penser l'éducation comme un vecteur d'insertion et d'intégration, à la fois sur le marché du travail et dans la société en général", a plaidé Alexandra Roulet, économiste préparant un Ph.D [ 3 ]Doctorat. d'économie à Havard University (États-Unis). Face aux mutations et aux besoins en nouvelles compétences, il est important, selon elle, “d'augmenter le niveau de qualification et pour cela réformer la formation professionnelle mais aussi, notamment pour les jeunes de développer l'apprentissage en associant davantage les entreprises, notamment à la définition du contenu des formations". Cela suppose des relations plus étroites entre l'Éducation nationale et le monde de l'entreprise.

Nous dialoguons avec les filières économiques, sur leurs besoins, et avons déjà créé plus de 30 campus des métiers et qualifications spécialisés par filière pour répondre à leurs besoins spécifiques. Nous dialoguons aussi avec les branches professionnelles, sur la rénovation des diplômes : nous allons rénover 18 diplômes cette année scolaire, pour coller aux besoins du monde économique", a assuré Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l'Éducation nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, lors de l'ouverture de la rencontre, mardi 25 aout 2015. Mais l'apprentissage, a-t-elle insisté, “c'est comme dans un mariage : pour que cela marche, il faut être deux : celui qui forme, et l'entreprise qui accueille le jeune en formation".

Elle reconnaît que des efforts restent à faire pour rapprocher l'école de l'entreprise et développer l'alternance. Selon elle, “ce n'est pas uniquement l'apprentissage qui a besoin d'être revalorisé, mais bien l'ensemble de la formation par alternance : les contrats de professionnalisation, la formation en lycée professionnel. Ces voies de formation sont indispensables à l'économie française parce qu'elles pourvoient le pays en métiers professionnels dont la France a besoin", a rappelé Najat Vallaud-Belkacem. Son ambition : atteindre, à terme, 60 000 apprentis formés directement au sein de son ministère.

Notes   [ + ]

1. Atelier “Éducation, formation, qualification : 3 leviers d'insertion !"
2. Lancées en 2003 par l'Institut de l'entreprise, l'édition de cette année (25 et 26 août 2015) avait pour thème “Le travail demain". L'Institut de l'entreprise est un think-thank dont l'objectif est de mieux faire connaître aux enseignants de sciences économiques et sociales la vie et les besoins des entreprises.
3. Doctorat.