La Journée des initiatives territoriales pour l'emploi confirme la vitalité et l'inventivité des acteurs de terrain
Par Philippe Grandin - Le 30 juin 2016.
« La 3ème édition de la journée des initiatives territoriales pour l'emploi (JITE) est très importante au regard de la mobilisation pour l'emploi du service public de l'emploi (SPE) et de tous les opérateurs dans les territoires. », a déclaré Clotilde Valter, secrétaire d'État à la formation professionnelle et à l'apprentissage, dans son allocution du mardi 28 juin à la JITE, soulignant que « cet événement confirme la vitalité et l'inventivité des acteurs de terrain à partir du moment où ils ont la possibilité de mettre en œuvre des initiatives en faveur du développement de l'emploi, via la formation et l'apprentissage ».
En matière d'emploi et de formation, la ministre a annoncé le lancement, avec le Copanef [ 1 ]Comité paritaire interprofessionnel national pour l'emploi et la formation. et le FPSPP [ 2 ]Fonds paritaire de sécurisation des parcours professionnels., à la rentrée prochaine, du dispositif « Job rotation » au bénéfice des TPE-PME. Le principe reprend l'idée de « faire tourner » les emplois avec une donnée supplémentaire, celle de la formation. En effet, le but est pour les entreprises d'envoyer des salariés en formation, pour les remplacer par des chômeurs de longue durée préalablement formés. Bien évidemment, les salariés retrouvent leur poste de travail à l'issue de la formation. « Les TPE-PME font partie des entreprises les plus dynamiques et nous devons leur apporter un soutien renforcé », a commenté Clotilde Valter.
La secrétaire d'État a ainsi rappelé que «sur le terrain, ces entreprises ne disposent pas de temps pour recruter, former et s'engager dans la gestion de l'emploi, la GPEC [ 3 ]Gestion prévisionnelle des emplois et des compétences. n'étant pas intégrée dans leur fonctionnement ». En outre, une partie significative des recrutements s'effectue suite à des départs en retraite. À ce titre, « nous devons aider les TPE-PME et garantir un minimum de services RH, en leur permettant l'accès à une information stable sur les aides auxquelles elles peuvent prétendre ». « Il ne s'agit pas, a-t-elle poursuivi, de se substituer aux réseaux existants mais de renforcer la cohérence de tous acteurs ». Le site du ministère du Travail propose, entre autres mesures, aux dirigeants un simulateur du coût d'embauche, lequel s'inscrit dans les dispositifs d'accompagnement utiles au développement de l'emploi portés par les pouvoirs publics, soit « une enveloppe de 10 millions d'euros pour le déploiement de l'offre de services (conseil en ressources humaines pour les TPE-PME…) ».
Une plateforme GPEC pour accompagner la filière des services à la personne
Des porteurs de projets territoriaux ont présenté leur démarche au sein de l'atelier « Comptoir du développement », consacré à l'appui ressources humaines (RH) au profit des TPE-PME. Cédric Debove, chargé de projet à la Maison de l'emploi et de la formation (MEF) du pays du Grand Beauvaisis, a ainsi évoqué la création d'une plateforme GPEC [ 4 ]Gestion prévisionnelle des emplois et des compétences. « Services à la personne » (SAP) pour accompagner ce secteur compte tenu « de la mauvaise représentation des métiers et de sa difficile professionnalisation ». Cette création fait suite à un diagnostic demandé en 2014, notamment par la Direccte [ 5 ]Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l'emploi. et réalisé par la MEF du Grand Beauvaisis. Cette plateforme doit permettre le développement et la mise en œuvre d'actions définies selon trois axes d'intervention : la coordination partenariale, la promotion et le développement de la connaissance du secteur SAP et l'anticipation des mutations économiques par un accompagnement des structures.
« Il y a trois ans, nous avons échangé avec la MEF au sujet de la mise en place de cette plateforme. L'idée nous a intéressés car il s'agit de regrouper différentes énergies, à savoir celles des entreprises, des associations, des collectivités territoriales, de la Région, de Pôle emploi… autour de la problématique emploi et professionnalisation dans les métiers des SAP », a témoigné Cyril Lecomte, président du groupe Cyria Services, composé de diverses structures dont Cyriadom (services à la personne). « Dans le secteur, la mobilité est le frein n°1 d'accès à l'emploi. Le groupe de pilotage a ainsi mis en place une formation d'assistante de vie intégrant la préparation au permis de conduire. En effet, les entreprises du secteur ont besoin de personnes rapidement opérationnelles et mobiles », a-t-il fait valoir. Le groupe de pilotage de la plateforme travaille également à la mise à disposition d'un véhicule pour permettre à des jeunes de démarrer dans le métier pendant quelques mois.
La pédagogie de l'École 42 s'apparente à celle d'un jeu vidéo
« Cela fait maintenant deux ans que la DGEFP a décidé de mettre à l'honneur les initiatives portées dans les territoires et accompagnées par les services de l'Etat sur le plan du développement économique et de l'emploi », a déclaré Carine Chevrier. «L'État sait capter les initiatives dans les territoires pour mieux les financer et les mettre en avant », a-t-elle ajouté tout en évoquant les trois thèmes principaux de cette journée : l'accompagnement à la gestion des ressources humaines (RH) dans les TPE-PME, la transition écologique et la transition numérique.
Olivier Crouzet, directeur pédagogique de l'École 42, a ainsi présenté cette école d'informatique gratuite et ouverte aux jeunes âgés de 18 à 30 ans, sans condition de diplôme et de prérequis. « Il s'agit de répondre à la problématique de recherche de personnes qualifiées en informatique. » Selon un constat de la Commission européenne, il manquera à l'horizon 2020 un million de personnes dans ce secteur. « Cela n'est pas la conséquence de la révolution du numérique mais en partie du système éducatif, c'est-à-dire de la difficulté d'accès aux écoles post-bac et post-prépa », a-t-il souligné. « L'échelle de valeurs du système éducatif ne permet pas en effet de révéler les personnes capables de se lancer dans l'entrepreneuriat et qui ont du talent pour le numérique. En ce sens, l'École 42, dédiée à la programmation et aux métiers techniques du numérique, doit repérer les talents pour le numérique via une sélection. »
L'école a mis en avant une pédagogie qualifiée de « peer-to-peer », « avec zéro cours et zéro professeur car le savoir est accessible par tous ». Chaque étudiant se trouve face à des challenges qui « développent leur capacité à rechercher, à filtrer et relever des informations pour co-construire des projets ». Les étudiants avancent ainsi dans le cursus de formation proposée par l'École 42 « comme dans un jeu vidéo, soumis à des phases d'échecs et de recommencements, et avec, en fin de cursus, des projets plus proches des attentes des entreprises ».
Notes
1. | ↑ | Comité paritaire interprofessionnel national pour l'emploi et la formation. |
2. | ↑ | Fonds paritaire de sécurisation des parcours professionnels. |
3, 4. | ↑ | Gestion prévisionnelle des emplois et des compétences. |
5. | ↑ | Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l'emploi. |