« La validation des acquis de l'expérience, parent pauvre des réformes » (Gilles Schildknecht, Cnam)
Par Nicolas Deguerry - Le 09 juillet 2018.
La validation des acquis de l'expérience serait-elle l'éternelle oubliée des réformes ? C'est le point de vue défendu par Gilles Schildknecht, chercheur associé au centre de recherche sur la formation du Conservatoire national des arts et des métiers (CRF/Cnam), dans l'article qu'il vient d'adresser à Centre Inffo.
Dans ce nouvel article, Gilles Schildknecht reprend la critique d'une conception trop administrative de la VAE qu'il avait développée en 2017 (voir notre article). Il en précise les enjeux avant de s'interroger sur le peu d'intérêt que semble lui accorder le législateur dans le projet de loi sur la liberté de choisir son avenir professionnel. Pour lui, la VAE peine à se déployer d'abord parce qu'elle demeure, plus de quinze ans après sa création, un objet mal identifié. « La VAE est une voie d'accès à la certification mais pas une formation », rappelle-t-il. Or, les acteurs privés comme publics du marché de la formation ont, selon lui, jusqu'à présent savamment entretenu la confusion.
« Parent pauvre »
Si le principe de la VAE est soutenu par l'Europe comme par notre cadre national, qui impose à toute certification inscrite au RNCP de « pouvoir être obtenue par la voie de la VAE », il n'en demeure pas moins pour l'auteur que son développement « a rencontré beaucoup de résistances ». Or, ces difficultés peinent à être levées par les dernières tentatives d'amélioration du système. Alors que la VAE devrait être « un enjeu fort pour notre société », Gilles Schildknecht estime qu'elle demeure le « parent pauvre des réformes ». Y compris dans le cadre du projet de loi « avenir professionnel » qui ne fait aucune mention de la VAE dans son exposé des motifs et qui aborde le sujet dans seulement deux articles.
In VAE Veritas
Aussi, conviendrait-il de porter cinq amendements susceptibles de permettre « les conditions concrètes d'un développement significatif de la VAE ». Le premier instaurerait l'utilisation systématique de la VAE en amont de tout projet de formation d'adulte, le second s'attacherait à une « véritable professionnalisation des jurys enseignants et professionnels » alors que le troisième prévoirait des « dispositifs de sensibilisation des chefs de PME à l'identification des compétences et à leur gestion prévisionnelle » . Pour améliorer la lisibilité du système, le chercheur appelle à créer un « véritable système national de certification professionnelle » couvrant l'ensemble de l'offre, dès le certificat CléA (amendement 4). Enfin, il s'agirait de développer la VAE collective, « véritable voie de développement de l'acquisition de certification et de reconnaissance au sein des entreprises », par des mesures incitatives pour les employeurs.
Gilles Schildknecht est membre du bureau du Comité mondial pour les apprentissages tout au long de la vie (CMA.
- La validation des acquis de l'expérience (VAE), l'éternelle oubliée des réformes !, Gilles Schildknecht, 4 p., juin 2018 : format PDF – 57 ko