Sixièmes journées nationales d'action contre l'illettrisme: « Il faut dire qu'on peut réapprendre à tout âge » (Hervé Fernandez, ANLCI)
Alors qu'une mission flash doit rendre ses propositions le 15 octobre, l'ANLCI (agence nationale de lutte contre l'illettrisme) organise du 8 au 15 septembre, une semaine de sensibilisation sur l'illettrisme, autour des solutions existantes.
Par Mariette Kammerer - Le 04 septembre 2019.
« Quand on apprend, le moindre progrès est une victoire », tel est le slogan choisi cette année pour mettre à l'honneur, à travers des témoignages réels [ 1 ]Témoignages de personnes accompagnées par des organismes de Normandie: ACSEA Formation, La Boîte aux Lettres, l'ENEFA, et l'Epide., des parcours de victoire sur l'illettrisme. « Nous voulons valoriser les réussites, montrer ce que ça change au quotidien, et dire qu'on peut réapprendre à tout âge », explique Hervé Fernandez, directeur général de l'ANLCI. 400 manifestations locales - débats, conférences, projections, etc. - sont prévues pour donner à voir les solutions et susciter une prise de conscience. Cette campagne est organisée chaque année depuis 2014, après que l'illettrisme a été déclarée grande cause nationale en 2013. Car, si la situation s'est améliorée par rapport à 2006, où l'on recensait 3,1 millions de personnes illettrées, elle concerne encore aujourd'hui 2,5 millions de personnes [ 2 ]A différencier des personnes analphabètes - qui n'ont pas été scolarisées dans leur pays d'origine -, et des personnes non francophones, scolarisées dans leur pays d'origine.. "On parle bien de personnes francophones, scolarisées en France [ 3 ] Leur profil est plutôt âgé, rural, et la moitié travaillent ., mais qui ne peuvent pas lire ou écrire des messages simples du quotidien, précise-t-il, et qui cachent cette difficulté, ce qui rend toute action plus compliquée".
Progrès réalisés
Des progrès ont été réalisés dans la lutte contre l'illettrisme. "On mesure mieux le problème, des études fiables permettent de cibler les branches professionnelles, et ont permis d'en faire une priorité du Plan d'investissement dans les compétences (PIC)". La définition et la reconnaissance des compétences de base ont également progressé, avec la création de certifications permettant d'attester de la sortie d'illettrisme. Et les possibilités de formation se sont développées, notamment avec le compte personnel de formation. « De grands organismes comme le Centre national de la fonction publique territoriale ou l'ANFH (Association nationale pour la formation permanente du personnel hospitalier) l'ont inscrit dans leurs priorités de formation, permettant de toucher un grand nombre de personnes, poursuit Hervé Fernandez. Un des rôles de l'ANLCI est d'outiller les intermédiaires, comme les conseillers pôle emploi, ou de la CAF, afin qu'ils sachent mieux détecter, parler du problème et orienter. Et d'inciter les entreprises à investir dans la formation de base des salariés. »
Pistes d'amélioration
Mais il reste encore beaucoup à faire pour éradiquer le phénomène. La ministre du travail Muriel Pénicaud a commandé une mission flash à Yves Hennekint et Christian Janin, qui doivent rendre leurs propositions le 15 octobre pour améliorer la politique de lutte contre l'illettrisme. « Cette mission est très importante, cela va donner un élan à la mobilisation, estime le DG de l'ANLCI, permettre de définir des priorités d'actions, de renforcer l'action dans les entreprises, d'essaimer les bonnes pratiques, de soutenir l'action de ceux qui détectent et orientent, d'améliorer la coopération entre acteurs pour que les moyens de formation qui existent profitent bien aux plus fragiles ».
Notes
1. | ↑ | Témoignages de personnes accompagnées par des organismes de Normandie: ACSEA Formation, La Boîte aux Lettres, l'ENEFA, et l'Epide. |
2. | ↑ | A différencier des personnes analphabètes - qui n'ont pas été scolarisées dans leur pays d'origine -, et des personnes non francophones, scolarisées dans leur pays d'origine. |
3. | ↑ | Leur profil est plutôt âgé, rural, et la moitié travaillent . |