La commission des affaires sociales s'interroge sur le financement des recommandations du rapport El Khomri
Un mois après avoir remis son rapport à la ministre des Solidarités et de la Santé, Myriam El khomri est venue défendre le 3 décembre son plan de mobilisation nationale en faveur de l'attractivité des métiers du grand âge devant la commission des affaires sociales de l'Assemblée nationale. Le diagnostic et les solutions sont partagés, des doutes subsistent sur le financement.
Par Nicolas Deguerry - Le 06 décembre 2019.
À l'exception de réserves sur le financement et la non prise en compte des Outre-mer, les députés de la commission des affaires sociales de l'Assemblée nationale ont salué à l'unanimité l'essentiel du rapport El Khomri sur l'attractivité des métiers du grand âge (voir notre article). Avec 2 000 000 personnes âgées de plus de 85 ans et 60 000 postes non pourvus, chacun s'accorde sans effort sur l'urgence des réponses à apporter. Selon Myriam El Khomri, ce sont 18 500 personnes par an qui sont à recruter et 390 000 personnes à former d'ici fin 2024. Mais l'ancienne ministre du Travail le souligne, il est d'autant plus difficile pour les pouvoirs publics d'apporter un soutien efficace que le secteur apparaît « éparpillé » en sept conventions collectives, de nombreuses fédérations et quelques 59 certifications.
Formation
L'audition a également permis aux députés de bénéficier d'un éclairage terrain sur la question de l'attractivité du secteur. Percutant, le témoignage de Fabienne Barboza, auxiliaire de vie, a démontré que la réponse passait moins par des plans de communication que par une refonte des conditions d'accès, la revalorisation des conditions de travail et la hausse des rémunérations.
En matière de formation, Myriam El Khomri a rappelé les principales recommandations de son rapport : supprimer l'écrit du concours d'aide-soignant au profit d'une sélection fondée sur la motivation, le savoir-être et l'empathie ; rendre la formation gratuite ; porter à 10 % l'accès aux métiers de la filière par la voie de l'apprentissage et à 25 % la VAE, en privilégiant les VAE collectives. Interrogée sur la question des financements, l'ancienne ministre invite les députés à défendre son rapport lors du vote du projet de loi de financement de la sécurité sociale et insiste sur l'utilité du Plan d'investissement dans les compétences et de ses déclinaisons régionales.
Insistant sur le nécessité de développer les perspectives de carrière, Myriam El Khomri a également appelé à développer davantage de modularité dans les formations. Précisant que les infirmiers ont le statut d'aide-soignant dès leur première année de formation validée, elle réclame notamment un parcours d'accès au métier d'infirmier en 2 ans pour les aides-soignants ayant passé le concours.
Orientation
Revenant sur la question de l'attractivité, Fabienne Barboza a exhorté les professionnels de l'orientation à ne pas camoufler la réalité du métier et à cesser d'orienter automatiquement les personnes sans emploi vers le secteur du grand âge. Comparant son métier à une « vocation », elle se définit comme une « technicienne de l'empathie ». Soulignant être « confrontée à la mort, aux odeurs et à la souffrance », elle conclut : « on peut trouver du travail ailleurs et se former à autre chose, ceux qui restent dans ce métier le font parce qu'ils aiment aider et y trouvent du sens. »