L'information, clé du développement de la formation en France (Baromètre de la formation et de l'emploi, Harris interactive / Centre Inffo)
Des actifs français parfaitement conscients de la nécessité de développer leur employabilité par la formation, mais souvent démunis faute d'informations. C'est le portrait qui se dégage d'une étude Harris Interactive réalisée en décembre 2019, en partenariat avec Epoka, pour Centre Inffo, et rendue publique à l'occasion de l'Université d'hiver de la formation professionnelle, qui s'est déroulée du 29 au 31 janvier 2020.
Par François Boltz - Le 03 février 2020.
“Un besoin prépondérant dans un monde professionnel en mutation." Selon cette étude réalisée auprès d'un échantillon représentatif d'actifs français, méthode des quotas[ 1 ]Enquête réalisée en ligne du 16 au 20 décembre 2019. Échantillon national représentatif de 1559 actifs français âgés de 18 ans et plus, constitué d'après la méthode des quotas : sexe, âge, région d'habitation, statut d'emploi et catégorie socio-professionnelle. Harris Interactive, en partenariat avec Epoka, pour Centre Inffo., sur la base de 29 questions, la formation professionnelle constitue un impératif, même si elle reste difficile à concilier avec les rythmes professionnels. La responsabilisation de chacun peine à produire ses effets. Surtout, en matière d'information sur la formation, il n'est pas l'heure de réduire la voilure : les actifs s'estiment insuffisamment informés, aussi bien sur leurs droits que sur l'offre.
La formation est perçue comme une chance...
La formation professionnelle continue est très majoritairement perçue comme une chance pour évoluer professionnellement (87 %), et même comme une nécessité pour conserver son employabilité tout au long de sa carrière (84 %), car la grande majorité des actifs indique avoir un métier qui évolue ou pourrait même disparaître. La formation professionnelle continue permet aussi, d'après les répondants, de ne pas “se lasser professionnellement" et de prendre du recul sur son quotidien de travail.
Ceci étant établi, six actifs sur dix jugent également la formation contraignante, difficilement compatible avec les agendas professionnels. Un chiffre retient l'attention : 36 % des répondants adhèrent à l'affirmation selon laquelle la formation professionnelle continue est “inutile", faute de pouvoir mettre en pratique ce qui est appris. Par ailleurs, l'argent de la formation professionnelle continue apparaît toujours “mal dépensé".
... mais les actifs s'impliquent peu
Les actifs adhèrent à la désintermédiation : ils estiment avoir personnellement un rôle plus important à jouer que les organismes de formation, les entreprises ou les branches professionnelles.
Paradoxe ! Car seuls 30 % déclarent avoir déjà émis des souhaits de formation lors des entretiens professionnels, 22 % avoir déjà contacté directement un organisme de formation, 20 % avoir fait des recherches et avoir envoyé ces informations à leur employeur. 18 % ont déjà suivi une formation de leur propre initiative, hors temps de travail (cours du soir, Mooc, etc.).
Une question centrale : l'information sur la formation
Justification, ou explication ? 57 % estiment être insuffisamment informés sur la formation. Aussi bien sur leurs droits que sur les ressources (lieux d'orientation, possibilités d'accompagnement, organismes de formation, etc.), ou encore sur les formations porteuses. Le plus souvent, ils se tournent vers leur employeur, ou vers les moteurs de recherche. Un sur quatre connaît le portail Orientation pour tous de l'État, des partenaires sociaux et des Régions, dont le maître d'œuvre est Centre Inffo.
Certainement du fait des récentes campagnes d'information du ministère du Travail, les actifs dans leur très grande majorité (85 %), ont entendu parler du CPF et 59 % de l'application “Mon compte formation" lancée en novembre 2019. Mais seulement un sur quatre connaît le montant de ses droits.
Les actifs qui espèrent suivre une formation professionnelle en 2020 ont rarement une idée bien arrêtée sur sa thématique. Seule “l'informatique" se détache un peu, devant les langues.
Anecdotique, ou révélateur ? Le vocabulaire du monde la formation n'a pas percé jusqu'à eux. Les mots “soft skills" ne leur évoquent quasi rien. Mais une fois explicité (compétences comportementales), le concept emporte l'adhésion. Une nette majorité les juge nécessaires pour évoluer professionnellement, en particulier pour devenir manager, chef de projet, ou pour être en relation avec des clients.
Donner les clés
Harris Interactive relève que la variable la plus explicative des réponses est souvent le niveau de formation initiale, “tout laissant aujourd'hui à penser que la formation professionnelle continue s'inscrit dans le prolongement de la formation initiale". C'est un véritable théorème : “Plus on est formé au départ, plus on conçoit un besoin de formation professionnelle continue, plus on affiche le désir de continuer à se former tout au long de sa carrière et plus on a les clés pour le faire."
Les moins diplômés, les demandeurs d'emploi, ceux qui ont le moins d'informations et le plus de besoins, sont plus nombreux à considérer que c'est aux pouvoirs publics et au monde de l'entreprise d'être responsables de leur parcours.
Les axes d'amélioration ? Ils en découlent. Développer fortement l'information sur la formation. Faire de la pédagogie autour du CPF. Faire comprendre que tout le monde, quel que soit son niveau de formation initiale, peut accéder à la formation professionnelle.
En accès libre, le dossier de ressources documentaires de l'UHFP 2020.
Notes
1. | ↑ | Enquête réalisée en ligne du 16 au 20 décembre 2019. Échantillon national représentatif de 1559 actifs français âgés de 18 ans et plus, constitué d'après la méthode des quotas : sexe, âge, région d'habitation, statut d'emploi et catégorie socio-professionnelle. Harris Interactive, en partenariat avec Epoka, pour Centre Inffo. |