Covid-19 : les chambres des métiers et de l'artisanat forment à distance
Les organismes de formation des chambres des métiers et de l'artisanat dématérialisent leur offre de formation pour permettre aux apprentis, aux créateurs et aux chefs d'entreprise artisanale de continuer à se former pendant la crise sanitaire. Exemple en Haute-Garonne.
Par Catherine Stern - Le 30 mars 2020.
Comme dans la plupart des départements, la chambre des métiers et de l'artisanat (CMA) de Haute-Garonne a fait preuve d'une grande réactivité pour poursuivre ses formations dans le contexte de confinement. Le premier travail a été de fournir les cours en ligne aux apprentis. “Dès l'annonce de la fermeture des centres de formation d'apprentis le 16 mars, les profs ont été immédiatement mobilisés pour faire ce travail. Ça a été du sport et en trois jours, tout a été dématérialisé !", témoigne Sophia Taha, responsable du développement commercial à la CMA de Haute-Garonne. Le pôle automobile, l'un des trois du CFA, utilisait déjà Electude, un logiciel de formation technique à distance. Les autres formateurs ont préparé et déposé leurs contenus sur Yparéo, un progiciel dédié à la gestion de l'activité formation des organismes, comprenant un module de suivi des contenus pédagogiques.
Bientôt 90% de la formation continue dématérialisée
Côté formation continue, l'Institut de formation de la chambre des métiers et de l'artisanat (IFCMA) de Haute-Garonne a, dans un premier temps, dématérialisé 60% de son offre. Un chiffre qui montera à 90% dès que les formations à distance pour les créateurs d'entreprises artisanales auront démarré, avec la mise à disposition par CMA France, la tête de réseau, d'une plateforme nationale de formation. 150 personnes pourront en bénéficier en Haute-Garonne d'ici mi-avril.
Presque toutes les formations à destination des chefs d'entreprises (à part les formations réglementaires) ont rapidement été dématérialisées. “Pour les mettre en place, nous avons demandé à chacun de nos formateurs comment ils voulaient procéder, souligne Sophia Taha. Certains n'ayant pas encore pris en main l'outil numérique, nous les avons accompagnés sur le déploiement des solutions choisies (Zoom et Teams)."
Vers une évolution des prises en charge financières
Le problème du financement de ces formations vient d'être levé par le Conseil de la formation de la chambre régionale des métiers et de l'artisanat (CRMA) d'Occitanie, comme dans la plupart des régions, en l'absence de directives nationales : “Dans les circonstances actuelles, les actions de formation seront prises en compte même si elles n'avaient pas été agréées sur la base d'un programme de formation à distance, indique Pascal Rongier, chargé de mission à la CRMA d'Occitanie. Le regroupement présentiel préalable n'est plus obligatoire. Cela sera officialisé au cas par cas par l'envoi d'une attestation."
Et cet assouplissement ponctuel va peut-être faire bouger les choses pour la suite. “Le fait de passer à distance va participer à une évolution des prises en charge financières, espère Sophia Taha. Nous avons proposé de comptabiliser non plus les heures de formation mais l'atteinte des objectifs pédagogiques".
Pour elle, cette crise marquera un tournant décisif de la formation vers le numérique. D'ailleurs, quatre collaborateurs de l'IFCMA se sont formés l'an dernier sur l'ingénierie pédagogique de la formation à distance.