Aurélien Cadiou, président de l’ANAF, lors de l’inauguration de l’antenne Hauts-de-France, février 2020
L'Anaf craint une baisse de 20% du nombre d'apprentis pour la rentrée prochaine
Pour éviter une baisse des inscriptions en CFA et des offres de contrats d'apprentissage, l'Association nationale des apprentis de France (Anaf) demande trois mesures de soutien au gouvernement.
Par Mariette Kammerer - Le 25 mai 2020.
Alors que l'apprentissage était dans une très bonne dynamique, avec 368 000 contrats signés l'année dernière, soit une hausse de 16% en un an, tous ces efforts de promotion pourraient être réduits à néant par la crise actuelle.
Selon l'Anaf, certains CFA constatent déjà une baisse du nombre de préinscriptions pour la rentrée. "D'une part, il n'y a pas eu d'information et d'orientation dans les collèges et lycées du fait du confinement, et d'autre part, dans le contexte de crise économique, les familles et les jeunes vont sans doute préférer une autre voie de formation", estime Aurélien Cadiou, président de l'Anaf. Il anticipe une baisse de 20% du nombre d'apprentis à la rentrée, "soit un retour au niveau d'avant la réforme".
Niveau infra bac, le plus impacté
Outre l'autocensure des candidats, le problème viendra surtout des entreprises. Des secteurs comme l'hôtellerie-restauration, l'automobile, l'aéronautique, qui prenaient beaucoup d'apprentis, ont été très touchés par la crise et auront du mal à redémarrer. "On s'attend à avoir plus de candidats que d'offres. Certains grands groupes nous ont déjà informé qu'ils maintiendront leurs objectifs de recrutement d'alternants, mais les TPE, PME, petits artisans et commerçants auront d'autres priorités. Or ce sont eux qui recrutaient le plus de niveaux bac ou infra bac, ces formations seront donc les plus impactées", poursuit Aurélien Cadiou. De fortes baisses d'effectifs pourraient mettre en péril l'équilibre financier des CFA, désormais financés en fonction du nombre d'apprentis.
Trois mesures choc
L'Anaf demande "trois mesures choc" pour sauver l'apprentissage. La première est de laisser aux jeunes qui s'inscrivent en CFA une période d'un an, au lieu de trois mois, pour trouver un employeur et signer un contrat. "Cela sécurisera les jeunes, évitera les ruptures de parcours, et soutiendra les CFA, à condition que cette période leur soit financée, explique Aurélien Cadiou. Ces inscrits sans contrat pourraient avoir le statut de stagiaire de la formation professionnelle et faire des stages, du bénévolat, ou avoir des cours en plus en attendant."
Les deux autres mesures souhaitées par l'Anaf sont un doublement du nombre d'offres dans le secteur public, et une revalorisation des aides aux apprentis, "notamment de l'aide au premier équipement, dont le plafond doit être porté à 1000€ au lieu de 500€, et inclure l'acquisition de matériel informatique, quelle que soit la formation suivie". Quant à la demande des organisations patronales de doubler l'aide financière versée aux entreprises, l'Anaf "n'est pas contre, à condition que le faible coût de recrutement d'un apprenti ne se fasse pas au détriment de la qualité d'accompagnement".
En attendant la mise en place d'un groupe de travail sur la relance de l'apprentissage, l'Anaf s'est déjà réunie avec les trois organisations patronales (Medef, CPME et U2P) et CMA (chambres des métiers et de l'artisanat) France pour faire des propositions communes qui seront transmises la semaine prochaine à la ministre du Travail.