Les enjeux de la réforme de 2018 pour les établissements d'enseignement supérieur
Les écoles adhérentes de la Conférence des grandes écoles (CGE), qui organisait un colloque virtuel vendredi 7 mai, sont en adéquation avec les objectifs de la réforme et de France compétences, selon Mikael Charbit, directeur de la certification professionnelle au sein du régulateur.
Par Christelle Destombes - Le 11 mai 2021.
Près de 88 % des badges ou mastères spécialisés proposées à France compétences par les adhérents de la CGE sont enregistrés, contre 60% pour l'ensemble des certifications professionnelles. Un signe de qualité, pour Mikael Charbit, directeur de la certification professionnelle chez France compétences : « la qualité du processus d'identification des compétences induit nécessairement une qualité du produit certifiant qui nous est proposé ». Du côté de la régulation, même satisfaction : l'instance ne constate pas d'irrégularité du côté des adhérents de la CGE.
Si les grandes écoles s'inscrivent dans les objectifs de la loi de 2018 (« rapprocher l'offre de formation certifiante des besoins concrets du marché du travail »), elles auraient à gagner à la mutualisation : alors que les écoles de l'offre privée se regroupent pour déposer leurs dossiers, les grandes écoles ne le font pas suffisamment. Or « si une certification management est portée par les adhérents de la CGE, elle aura une visibilité sur le marché du travail bien supérieure à une certification portée par une seule école, quelle que soit sa force de frappe en termes de marque et de qualité ».
La philosophie du CPF
Selon Oliver Faron, admnistrateur général du Cnam, les écoles de la CGE doivent se positionner face à la « bombe » qu'est l'application Mon compte personnel de formation, une révolution qui les oblige à « entrer en profondeur dans la philosophie du CPF » : il leur faut privilégier des formations plus courtes, passer à une logique de blocs de compétences, voire de « micro-certification, qui se généralise dans le monde anglo-saxon ». Nuance apportée par Mikael Charbit, ces blocs de compétences doivent garder un lien à la certification.
Reconnaissant la filiation avec la loi Delors – dont on va fêter les 50 ans – et la loi de 2014, Oliver Faron note le basculement du rapport de force créé par la loi de 2018, avec le rôle dévolu aux banches dans l'apprentissage. Il faut donc coconstruire avec elles, pense-t-il, un pari pour la CGE qui renvoie à « la proximité des grandes écoles avec le tissu du monde entrepreneurial ».
Oliver Faron enjoint les grandes écoles à se saisir du plan de relance, pour « construire les bonnes formations avec les acteurs professionnels, adaptées dans une logique de blocs de compétences et au bon endroit ». Face au secteur privé, qui a fait un saut qualitatif avec les injonctions à la qualité, les écoles de la CGE doivent travailler leurs « différenciants » : leurs forces de recherche, qui leur permettent de concevoir des formations à la pointe sur les métiers de l'intelligence artificielle ou de la data et la formation à distance. « Nous sommes les seuls à être capables de faire de la bonne formation ouverte à distance pour les Français, mais aussi pour l'Europe et pour l'international », indique-t-il.
La loi pose quelques soucis aux écoles comme Neoma Business School, qui a créé un CFA d'entreprise et se voit aux prises avec quelques apories : alors que les ingénieurs doivent effectuer une mobilité de douze semaines, la loi suspend le contrat d'apprentissage au-delà de quatre semaines… Une réflexion est en cours au ministère de l'Enseignement supérieur pour avancer sur ce sujet, et les membres de l'association nationale pour l'apprentissage dans l'enseignement supérieur (Anasup) ont signalé ce point à la DGEFP (Délégation générale à l'emploi et à la formation professionnelle), qui attend « un canal législatif » pour le régler, selon un participant.
Idem pour le coût-contrat, fondé sur la durée du contrat de travail et non pas celle de la formation ou l'évolution des rémunérations sur trois ans. « Aujourd'hui un master 2 qui signe son premier contrat d'apprentissage est rémunéré 53 % du Smic, comme un élève de Seconde pro qui signerait son premier contrat », a indiqué Anne-Laure Marron, directrice du CFA (centre de formation d'apprentis).