Où va l'apprentissage après la réforme ? (Afref)
Par Mariette Kammerer - Le 28 janvier 2019.
C'est en donnant la parole à un Opco, un CFA et une Région, que l'Afref (Association française pour la réflexion et l'échange sur la formation) a débattu, ce jeudi 24 janvier, de l'avenir de l'apprentissage après la réforme. La simplification recherchée est-elle au rendez-vous ? Sur quoi portent les craintes et incertitudes ?
Attentes des CFA
La directrice du CFA indépendant Sacef, Emmanuelle Maufrais, salue « la possibilité d'ouvrir ou fermer une session, de monter des partenariats avec des CFA d'autres régions, sans avoir à demander l'autorisation de la Région », et voit dans la réforme « une opportunité d'élargir notre offre de services, par exemple en développant la Fest (formation en situation de travail) ». En revanche, d'autres points ne lui paraissent pas très réalistes : « Les entrées et sorties tout au long de l'année resteront sans doute très marginales, de même que la modularisation par blocs de compétences, incompatible avec la validation d'un diplôme ». Elle pointe également l'incertitude et la complexité qu'apporte le financement au coût-contrat : « En tant que CFA généraliste, interprofessionnel, avec des formations du supérieur, nous allons devoir jongler avec les financements de plusieurs branches, et peut-être plusieurs coûts-contrat par diplôme ».
Taux de remplissage et coût-contrat
La directrice générale de Constructys, futur Opco du BTP et des travaux publics, a justement fait part de son expérience sur l'élaboration du coût-contrat : « Nous avons croisé d'une part les statistiques produites par les CFA eux-mêmes et d'autre part l'analyse que nous avons fait pour chaque CFA du coût de revient d'une formation,explique Claire Khecha. Nous avons constaté des différences importantes qu'il ne faudrait pas gommer en calculant une moyenne, il vaut mieux proposer une maille assez large de coût-contrat ». Autre constat inattendu : ce qui fait le plus varier le coût de formation d'un CFA à l'autre, du simple au double, ce ne sont pas les frais pédagogiques, mais le taux de remplissage des sessions. Constructys a échangé avec sa branche sur ses priorités de formation, afin de financer davantage les diplômes correspondants. « Nous devons trouver le juste prix, permettant à la fois de financer plus de contrats, tout en soutenant une pédagogie innovante et présente partout ». Si le coût-contrat ne couve pas la totalité du coût de formation, il y aura un reste à charge pour l'entreprise, déjà pratiqué par certains CFA.
La Région
Les Régions pourront apporter des financements supplémentaires en fonction des besoins identifiés sur le territoire. « Mais cela dépendra beaucoup du montant de l'enveloppe qui nous sera attribuée au titre de la péréquation territoriale », souligne Alix Humbert, chef du service apprentissage à la Région Île-de-France. « On veut maintenir une offre sur les premiers niveaux de qualification, mais on s'inquiète de l'avenir des CFA indépendants qui la proposent », ajoute-t-elle. La Région est aussi attachée à proposer des parcours complets en apprentissage, du CAP au diplôme d'ingénieur : « Or si on ne promeut que les titres professionnels, cela ne permettra pas la poursuite d'étude, selon nous il faut garantir un socle de formation qui permette aux jeunes d'évoluer » , conclut la responsable.