En Italie, des initiatives formation pour les publics fragiles
En Italie, la recommandation européenne « Upskilling and Reskilling Pathways » a développé les parcours de formation destinés aux adultes peu qualifiés.
Par Michel Jouini - Le 24 juillet 2023.
L'Italie connaît l'un des taux de chômage les plus élevés dans l'Union européenne, à hauteur de 9%. Le vieillissement de la population couplé à une natalité en baisse soulève des problématiques de manque de main d'œuvre dans les années à venir. Pour remédier à cette situation, diverses solutions ont été proposées, dont l'utilisation de badges numériques favorisant la flexibilité des parcours et un rafraîchissement du référentiel des qualifications pour guider les demandeurs d'emplois.
Un faible niveau de compétences
Comme le révèle l'étude PIAAC (évaluation des compétences des adultes) menée par l'OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques), un pourcentage considérable d'adultes en Italie présente des compétences insuffisantes en littératie, numératie et résolution de problèmes. Il existe en plus une disparité significative entre les régions du nord et du sud de la péninsule. Par exemple, environ une personne sur deux en Sicile n'est pas en mesure d'utiliser les compétences alphabétiques et numériques nécessaires pour accomplir des tâches quotidiennes contrairement au Piémont qui compte une personne en difficulté sur quatre [ 1 ] Source: OCDE..
En phase d'expérimentation au CPIA (centre de formation pour adultes en Italie) de Bologne, les badges numériques pour les micro-qualifications permettent de reconnaître et de certifier les compétences acquises de manière informelle ou lors de formations spécifiques. Ils offrent également une plus grande souplesse en permettant aux apprenants de construire leur parcours d'apprentissage de manière modulaire et personnalisée. Il s'agit d'une nouveauté en Italie car les badges numériques ne sont pas utilisés.
Des apprenants aux parcours personnels compliqués
A l'instar des GRETA, les CPIA font face à un afflux d'apprenants et doivent donc adapter leurs parcours. Ils accueillent principalement des réfugiés: 94,78% deq 2221 inscrits pour l'année 2022-23. Ces personnes sont soit dépourvues de qualification, soit diplômées et qualifiées dans leur pays d'origine, mais ayant besoin d'une certification linguistique (niveau A2).
La problématique qui ressort est le taux d'abandon élevé au cours de la formation. En effet, un apprenant sur trois est contraint d'arrêter, principalement en raison de la situation de réfugié qui les ballote d'un endroit à un autre.
Les apprenants peuvent personnaliser ces badges en y inscrivant leurs noms, prénoms et photos, ce qui leur permet de les afficher sur leur CV et de valoriser leurs compétences. Cette initiative repose principalement sur les fonds propres du centre de formation, des dons privés et des frais d'inscription (20 euros par apprenant), car le CPIA ne reçoit pas de subventions de l'État [ 2 ]La formation professionnelle n'est pas inscrite dans le droit italien.
Offrir un meilleur panorama des qualifications
La mise à jour du référentiel des qualifications, appelé « Atlas du Travail et des Qualifications » représente le résultat d'un processus d'innovation promu au niveau national. Il repose sur la traduction des lignes directrices de la Commission et du Parlement. C'est le résultat d'un travail de recherche-intervention mené par l'INAPP (Institut national pour l'analyse des politiques publiques) depuis 2013 (article 8 du décret législatif n° 13 du 16 janvier 2013), avec le soutien au groupe technique composé du ministère du Travail et des Politiques Sociales, du ministère de l'Éducation, de l'Université et de la Recherche, de l'ANPAL, de la coordination des régions et des Régions. Cet outil vise à rendre les programmes de formation plus accessibles et à permettre aux individus d'acquérir les compétences requises pour répondre aux besoins du marché du travail.
Carte détaillée des qualifications
L'Atlas est défini comme une carte détaillée du travail et des qualifications. Il repose sur deux outils de classification : la classification des secteurs économiques et professionnels et le cadre national des qualifications, en Italie les compétences en matière de formation sont décentralisées aux Régions. Il s'agit donc d'un système descriptif et classificatoire qui cartographie tous les secteurs économiques et professionnels ainsi que les qualifications correspondantes délivrées en Italie par les organismes compétents de chaque Régions. Les informations qu'il contient définissent des réalités sociales (professions, emplois, qualifications, compétences, apprentissages) de manière que les différents acteurs souhaitant intervenir sur ces domaines disposent d'un référentiel commun.
Notes
1. | ↑ | Source: OCDE. |
2. | ↑ | La formation professionnelle n'est pas inscrite dans le droit italien. |