Glenda Quentini, économiste à l’OCDE.
Année européenne des compétences
Améliorer la reconnaissance des compétences acquises par l'expérience
Reconnaître les compétences acquises par l'expérience et non par les diplômes est nécessaire pour améliorer l'employabilité des salariés, notamment les moins qualifiés. En Europe, les moyens d'y parvenir diffèrent.
Par Sarah Nafti - Le 10 octobre 2023.
Comment valoriser les compétences qui n'ont pas été acquises par le biais de l'éducation formelle ? Le Cedefop (Centre européen de développement de la formation professionnelle) organisait un webinaire mettant en perspective plusieurs réponses européennes vendredi 6 octobre. « Un adulte sur cinq n'a pas été diplômé du lycée, rappelle Glenda Quentini, économiste à l'OCDE (Organisation de coopération et de développement économique). Et les transitions numériques et vertes font que l'on a moins besoin de salariés peu qualifiés ». Or, « seulement 20% d'entre eux accèdent à la formation », quand c'est le cas de 60% des plus qualifiés. Dès lors « il est important de rendre toutes les compétences visibles ».
Disparités compétences suivant les pays
L'OCDE a publié un guide pratique sur la reconnaissance des acquis, qui relève des disparités compétences suivant les pays. Patricia Navarro Palau, économiste à l'OCDE et une des autrices du guide, remarque qu'en fonction des compétences à reconnaître, qui se divisent en deux types, les compétences générales et les compétences spécifiques à un métier, les institutions impliquées ne sont pas les mêmes. Et suivant les pays, l'apprenant peut obtenir une certification qui est la même ou l'équivalence de celle décernée par l'éducation formelle, ou une certification reconnue sur le marché du travail.
Evaluation des besoins en compétences
Dans tous les cas, le processus passe généralement par les mêmes étapes : identifier les compétences, les documenter, les évaluer, et obtenir une certification en fonction des résultats. Anna Kahlson, experte suédoise de la reconnaissance des compétences a détaillé le procédé mis en place en Suède, qui est décentralisé et piloté par les partenaires sociaux. « Ils évaluent les besoins en compétences » et mettent en place les méthodes adéquates pour les évaluer et les certifier. D'ailleurs toutes les certifications ne sont pas dans le référentiel national mais la Suède travaille à l'intégration du maximum de celles-ci. « Le résultat devrait être le même peu importe la manière dont on a acquis les compétences », estime-t-elle. L'autre défi auquel la Suède est confrontée est de « permettre aux gens de s'orienter dans un système décentralisé avec beaucoup d'acteurs ». En France aussi, la réforme de la VAE vise à davantage de simplicité pour l'utilisateur, « tout en misant sur l'accompagnement avec les architectes de parcours », comme le rappelle Alex Lenoir, de l'Afpa. En France, la qualification certifiée par ce processus a la même valeur sur le marché du travail et permet donc d'améliorer l'employabilité des candidats. Toutefois, le système est « complexe », ce qui en dissuade beaucoup.
Certification professionnelle reconnue par l'Etat
De son côté, la Belgique ne permet pas l'acquisition de diplômes par la reconnaissance des compétences mais propose « une certification professionnelle qui est reconnue par l'Etat », explique Grégoire Thiriar, expert au consortium de validation des compétences en Belgique francophone. Là-bas, tout adulte avec de l'expérience professionnelle mais pas le diplôme correspondant peut faire certifier officiellement et gratuitement ses compétences professionnelles, en réussissant une épreuve de validation qui se fonde sur une mise en situation dans un centre de validation des compétences agréé. Ces centres dépendent d'institutions publiques d'enseignement et de formation professionnelle.