Alternance : renforcer l'accompagnement pour maintenir la dynamique

L'alternance séduit plus que jamais les jeunes et les entreprises. Mais des progrès restent à faire pour faciliter les recrutements, sécuriser les parcours et éviter les ruptures de contrats. C'est ce qui ressort de la troisième édition du baromètre réalisé pour le compte de la Fondation The Adecco Group, du cabinet de conseil Quintet et de l'association Walt.

Par - Le 09 février 2024.

Moyen de se confronter directement au marché du travail, de financer ses études et de s'insérer rapidement dans l'emploi pour les uns… Outil de recrutement et de fidélisation de nouveaux salariés, réponse à des besoins en compétences immédiats ou à venir pour les autres… L'alternance séduit toujours plus les jeunes et les employeurs, selon le baromètre réalisé par BVA pour le compte de la Fondation The Adecco Group, du cabinet de conseil Quintet et de l'association Walt. « L'alternance a trouvé sa place dans le paysage de la formation. Les taux de recommandation et de satisfaction des entreprises et des jeunes à l'égard du dispositif n'ont jamais été aussi élevés », observe Elsa Portal, déléguée générale de la Fondation The Adecco Group lors de la présentation, mardi 6 février, de la troisième édition de cette étude.

Difficultés de recrutement

L'attrait pour cette modalité de formation progresse d'année en année. Mais sur le terrain, l'expérience des jeunes et des employeurs pourrait être améliorée. En amont de la signature d'un contrat, la rencontre entre candidats et employeurs s'avère délicate. 44 % des alternants ont rencontré des difficultés dans leur quête d'une entreprise et 50 % des employeurs disent avoir eu du mal à trouver le candidat adéquat. Dans le cadre de leur mission, les CFA sont amenés à accompagner les jeunes et les entreprises dans leurs recherches, un appui qui mériterait d'être encore renforcé, estiment les trois organisations qui animent l'Observatoire de l'alternance.

Sécuriser les premiers pas des alternants

Le sourcing, comme la phase d'intégration dans l'entreprise, sont des étapes cruciales pour la suite du parcours. Entre 30 et 40 % des ruptures de contrats interviennent pendant la période d'essai. Choix de candidats ou d'entreprises trop limités, décisions d'embauche prises trop rapidement, accueil mal adapté à des jeunes en formation… : autant de facteurs qui peuvent expliquer ces ruptures de contrats. Sur les questions d'accompagnement en début de parcours, « des divergences de points de vue persistent », constate Yves Hinnekint, président de l'association Walt. Seulement 7 % des alternants estiment avoir bénéficié d'un parcours d'intégration et de suivi personnalisé alors que 53 % des entreprises disent avoir mis en œuvre ce type d'accompagnement.

Le rôle crucial des tuteurs et maîtres d'apprentissage

Plus problématique, 22 % des alternants disent ne pas avoir eu de tuteur ou de maître d'apprentissage. C'est pourtant une obligation légale. Encadrer et former des jeunes suppose de disposer de compétences spécifiques et de dégager du temps, des conditions qui ne sont pas toujours réunies. 20 % des entreprises reconnaissent avoir du mal à mobiliser des collaborateurs pour accompagner les alternants. Pour sécuriser davantage les parcours, les membres de l'Observatoire de l'alternance préconisent d'explorer plusieurs pistes : « inciter les branches professionnelles et les opérateurs de compétences à soutenir la formation des maîtres d'apprentissage et des tuteurs », encourager les CFA à mettre en place « des sessions d'information collectives » pour les salariés qui assurent ces missions ou « créer des communautés pour faciliter le partage de bonnes pratiques entre pairs », détaille Alain Druelles, un des fondateurs du cabinet Quintet.

Travailler sur les soft skills

Point positif de cette troisième édition, en 2023, les jeunes ont été moins nombreux à rompre leurs contrats (14 % contre 20 % en 2022). Dans quatre cas sur dix, la rupture a été à l'initiative de l'employeur, et le plus souvent (dans 61 % des cas), le comportement de l'alternant était en cause. D'où la suggestion des membres de l'Observatoire de l'alternance d'intégrer davantage les soft skills dans les approches pédagogiques des CFA. Ils recommandent par ailleurs de maintenir les aides à l'embauche d'alternants, quel que soit le niveau de qualification visé.

 

Les propositions de l'Observatoire de l'alternance

1 - Renforcer la découverte de l'alternance dans tous les collèges et lycées en équipant les équipes pédagogiques des connaissances nécessaires pour promouvoir efficacement cette voie auprès des élèves et de leur entourage.

2 - Proposer aux pouvoirs publics de capitaliser sur les expérimentations locales menées par des acteurs de l'emploi qui ont comme objectif de diversifier et d'élargir le spectre des profils au contexte de l'alternance.

3 - Généraliser dans les établissements et les CFA la présence d'une équipe dédiée au sourcing avec comme missions : la relation avec les entreprises, l'accompagnement des jeunes dans leur recherche et le coaching en vue des entretiens.

4 - Clarifier le concept de « taux de rupture » et réaliser des analyses publiques, à la fois quantitatives et qualitatives, pour détecter les mesures appropriées visant à diminuer ces taux.

5 - Inciter les opérateurs de compétences et les branches professionnelles à promouvoir et soutenir une politique dynamique de formation des tuteurs et maîtres d'apprentissage pour renforcer leur désignation dans les entreprises.

6 - Généraliser l'intégration des compétences relationnelles, comportementales et cognitives (softskills) dans l'approche pédagogique des établissements et des CFA, sans sacrifier les hardskills.

7 - Continuer d'investir dans la politique d'emploi et d'éducation en assumant le maintien du soutien financier de l'alternance à tous les niveaux de qualification.