La qualité des formations professionnelles du supérieur au coeur des débats

Alors que de nombreux acteurs réclament une meilleure régulation des formations supérieures par apprentissage, les choses commencent à bouger au niveau des ministères et les travaux avancent autour d'un nouveau label qualité. Pour prendre sa part au débat, l'association des Entreprises Educatives pour l'Emploi (3E) annonce qu'elle créé une « Conférence des établissements d'enseignement supérieur à vocation professionnelle ».

 

Par - Le 22 mai 2024.

« Comment réussir l'acte 2 du développement de l'apprentissage et répondre à l'enjeu de la qualité », tels étaient les thèmes de débats des « 4è rencontres pour la réussite professionnelle des jeunes », organisées le 15 mai par l'association des Entreprises Educatives pour l'Emploi (3E), qui réunit une cinquantaine d'acteurs de l'enseignement supérieur professionnel privé et de l'alternance.

Les représentants de l'Etat y ont défendu les arbitrages du gouvernement sur l'apprentissage: « Il y a besoin d'ajustements pour avoir un financement plus ciblé et plus juste », rappelle Jérôme Marchand-Arvier, directeur général à l'emploi et à la formation professionnelle (DGEFP). « On ne remet pas en cause l'apprentissage dans le supérieur, mais on assume de recentrer les aides sur les premiers niveaux de qualification », ajoute Geoffroy de Vitry, le nouveau haut commissaire à l'enseignement et à la formation professionnels.

Groupe de travail sur la qualité de l'apprentissage

Ils ont ensuite évoqué les enjeux de qualité : « C'est le prochain chantier, et il y a beaucoup à faire », assume Jérôme Marchand-Avrier. « On y travaille avec le ministère de l'enseignement supérieur. Il nous faut mieux appréhender la qualité de la pédagogie, et traiter les situations dysfonctionnelles : Aujourd'hui on contrôle souvent, mais les contrôles doivent être mieux coordonnés et plus précoces », abonde Geoffroy de Vitry, annonçant la réunion dans quelques jours d'un « comité de pilotage sur la qualité des formations, avec plusieurs groupes de travail dont un sur l'apprentissage ».

Ces groupes de travail sur la qualité, annoncés depuis longtemps, tardaient en effet à se mettre en place, au grand regret de l'ANAF (association nationale des apprentis de France). Pourtant, de nombreuses voix se sont élevées récemment, notamment via des reportages télé, pour dénoncer les dérives de certains organismes de formation, qui tout en profitant des aides publiques à l'apprentissage, ne répondent pas aux exigences de qualité.

Vers un nouveau label qualité pour l'enseignement supérieur privé

Le gouvernement annonce donc qu'il va prendre les choses en main. A partir de la concertation lancée sur le sujet, le ministère de l'enseignement supérieur et celui du travail vont plancher sur la création d'un nouveau label qualité pour l'enseignement supérieur privé. « Cette labellisation commune concernerait aussi les formations du supérieur en apprentissage, précise Anne-Sophie Barthez, directrice générale de l'enseignement supérieur et de l'insertion professionnelle (DGESIP). On a réuni un groupe de travail pour définir quels sont les critères de qualité, qui va les évaluer, et qu'est-ce qu'on fait de ce label ». Le Hcères -haut conseil de l'évaluation de la recherche et de l'enseignement supérieur-, autorité publique indépendante, va mobiliser son expertise pour la création de ce nouveau label. « Il va falloir définir des indicateurs de qualité, de non-qualité, mettre en place de larges enquêtes, puis articuler Qualiopi avec ce nouveau label », indique Stéphane Le Bouler, son président.

L'association « 3E » veut s'impliquer dans le chantier sur la qualité

Qu'en pensent les premiers concernés, à savoir les acteurs de l'enseignement supérieur privé ? « Il faut un système de régulation pour améliorer la qualité. Régulez-nous plus et mieux, et au service d'objectifs clairement définis », lance Martin Hirsch, vice-président de Galileo Global Education, groupe privé épinglé dans un numéro récent de Complément d'enquête pour sa course au profit. Participant à la table-ronde, il suggère de prendre en compte dans les critères « la structuration des instances pédagogiques, la procédure de recrutement des formateurs », mais aussi « la satisfaction des étudiants mesurée par un organisme indépendant ». Et enfin  de « mesurer la performance de l'établissement à travers le taux de diplomation, le taux d'insertion dans l'emploi, et la valeur ajoutée de l'établissement ».

Afin de participer au chantier sur la qualité des formations, l'association « 3E », organisatrice des rencontres, a annoncé la création d'une « Conférence des établissements d'enseignement supérieur à vocation professionnelle » (CEESPA) et son lancement officiel à l'automne. « Notre but est d'aider la structuration du secteur, de poser les bases d'un travail sur la qualité, pour aider les établissements à progresser, et pour peser dans le débat », explique Philippe Grassaud président de « 3E ».