Le modèle français de formation professionnelle, meilleur d'Europe ?
Le modèle français de formation continue est supérieur à tous les autres modèles européens sur tous les indices de qualité retenus, affirment les données des enquêtes européennes Eurostat Continuing Vocational Training Survey (CVTS) et Enquête Formation Employeur (EFE), présentées récemment lors d'une matinée Afref. Les citoyens de l'Union sont appelés à élire les membres du Parlement européen du 6 au 9 juin.
Par Laurent Gérard - Le 30 mai 2024.
Très grosse surprise pour tous les présents lors du webinaire de l'Afref du 23 mai 2024, consacré à la formation professionnelle dans les entreprises, et à une intervention de Agnès Checcaglini (Céreq) qui a piloté la partie française de l'étude formation employeur européenne. Ces données EFE et CVTS, sur 100 000 entreprises dont 15000 françaises, permettent une analyse de 2005 à 2020.
Indicateurs de qualité
« Les comparaisons européennes révèlent la façon dont les entreprises ont intégré la formation de leurs salariés dans leurs stratégies RH et économique, outils de développement de leur activité », a introduit la représentante du Cereq. Divers indicateurs ont été retenus par l'enquête européenne : l'organisation et la planification de la formation, son imbrication avec les pratiques de gestion des ressources humaines, le type de besoins en compétences que les entreprises identifient et les compétences ciblées par la formation, et l'évaluation des effets de la formation, notamment sur l'activité.
Conclusion de la pilote de la partie française de l'étude : « Les pratiques de formation des entreprises françaises se distinguent par l'accumulation de valeurs significatives pour l'ensemble de ces indicateurs ». Autrement dit : le modèle français est le « meilleur » d'Europe.
Planification et responsabilité
Comment expliquer ce constat ? Premièrement : La France a plus souvent une personne ou un service responsable de l'organisation de la FPC (formation professionnelle continue), ou du budget de formation formation professionnelle : 62 % des entreprises françaises contre 52,5 % en moyenne européenne. « Autrement dit, tant dans les grandes (96 %) que dans les petites entreprises (56 %), la formation est bien identifiée comme un élément de la stratégie de développement », analyse Agnès Checcaglini.
Compétences métiers prioritaires
Deuxième constat : En Europe, 27 % des entreprises évaluent constamment leurs futurs besoins en compétences. En France, elles sont 39 % (Comme en Finlande, en Suède ou en Espagne).
Troisième explication possible : Plus de la moitié des entreprises françaises (55 %) déclarent des « besoins en compétences plus spécifiquement et majoritairement attachés aux postes de travail », et identifient « les compétences techniques et spécifiques au métier comme celles devant prendre le plus d'importance ». C'est seulement le cas de 43 % en moyenne européenne.
Anticipation
Enfin, quatrième explication : pour anticiper leurs futurs besoins en qualifications et compétences, l'option de la formation est particulièrement privilégiée par les entreprises françaises, qu'il s'agisse de former les salariés déjà en place (90 % en France, 64 % en Europe) ou de former spécifiquement les nouveaux recrutés (62 % en France, 43 % en Europe).