« Pour une massification de la formation à l'IA » (colloque FCU)

Dans le cadre du 49e colloque de la Formation Continue à l'Université (du 19 au 21 juin à Tours), une table ronde autour de la problématique : « Former et certifier à l'heure de l'IA » s'est déroulée devant plus de 300 experts de l'activité de formation professionnelle au sein des universités françaises et du conservatoire national des arts et métiers (Cnam). Les intervenants ont notamment plaidé pour « une massification de la formation à l'intelligence artificielle ».  

Par - Le 24 juin 2024.

Enjeu social, économique, environnemental et pédagogique depuis son irruption sur la scène mondiale en décembre 2022, ChatGPT est au cœur « d'une révolution », observe Erwan Paitel, inspecteur général de l'éducation, du sport et de la recherche, et rapporteur du Comité de l'intelligence artificielle générative (Service Public) – IGESR. Le spécialiste, l'un des co-auteurs du rapport remis début avril à Emmanuel Macron, « IA : notre ambition pour la France », souligne que face « une Intelligence Artificielle générative qui produit des textes et des images, il y a un changement de la nature de la relation entre l'apprenant et le pédagogue. »

Massification

Pour Jean-François Caulier, vice-président délégué à la stratégie et aux innovations numériques à l'université Paris 1, Panthéon-Sorbonne, ce nouvel enjeu doit avoir en figure de proue « la formation professionnelle et continue. Il faut que ces branches aient une longueur d'avance », note-t-il en étayant que pour que ces outils soient adoptés par l'ensemble des acteurs, il doit s'opérer « une massification de la formation à l'IA ».

Aussi, au préalable à toute logique d'utilisation de ce qui apparaît être un bouleversement numérique dans le champ de la formation, il est nécessaire, juge l'enseignant-chercheur, « d'apprendre à l'utiliser. » Il ne s'agit pas de se former « juste à l'IA, mais à son emploi dans un contexte de transmission », complète l'inspecteur général.

Des indicateurs analytiques pour suivre la montée en compétence des apprenants

Quant à la mise en place de programmes de formation continue, Erwan Paitel pointe la pertinence de cette technologie qui grâce à son analyse est capable de fournir « des indicateurs analytiques pertinents pour suivre la montée en compétence des apprenants. » Sur la question des certifications et du risque de se retrouver avec un stagiaire qui utiliserait lui-même cette technologie, biaisant ainsi la valeur de son apprentissage, des pistes ont été émises telles que différencier la notation entre l'oral ou des examens sans possibilité d'utiliser un ordinateur.

« Mutualisation pédagogique »

L'intervention du responsable du service formation continue et professionnalisation de l'Université Clermont Auvergne a permis de saisir comment l'arrivée d'acteurs du numérique vient concurrencer le projet Digital FCU, dont l'objectif est de développer la formation professionnelle des universités. « Entre l'identification des modules à produire et la production des enseignants, nous sommes dans un délai de 6 à 8 mois. Les sociétés comme OpenIA ou Mistral, après avoir constaté le gap à franchir entre le poste et les compétences attendues chez un collaborateur à moyen horizon, proposent aux entreprises des contenus pédagogiques produits par l'IA en 6 jours », a témoigné Yannick Vigignol. Et de conclure qu'il serait nécessaire « de se poser la question d'une mutualisation pédagogique qui pré-produirait des formations », à charge pour l'enseignant de les adapter « pour offrir une réponse complète et qui réponde à une logique de certification exigeante. »