L’Observatoire de l’évolution des métiers de l’assurance (OEMA) organisait le 4 juillet 2024 à Paris, à l’occasion de la parution de son baromètre prospectif, un débat sur l’intelligence artificielle (IA).

Le secteur de l'assurance au défi de la formation à l'IA

Le déploiement de l'intelligence artificielle va fortement toucher le secteur de l'assurance. Son observatoire des métiers organisait, le 4 juillet, un débat sur la stratégie à adopter pour former les salariés.

Par - Le 09 juillet 2024.

Observer puis former ou former tout en s'acculturant ? L'Observatoire de l'évolution des métiers de l'assurance organisait le 4 juillet à Paris, à l'occasion de la parution de son baromètre prospectif, un débat sur l'intelligence artificielle (IA). « Le secteur [de l'assurance] doit se préparer à la vague de l'IA », prévient Michel Paillet, analyste des métiers et des compétences à l'observatoire. A l'appui de son propos, il cite une étude [ 1 ]« Occupational, industry, and geographic exposure to artificial intelligence : A novel dataset and its potential uses », Strategic management journal, décembre 2021. de chercheurs américains qui place l'assurance parmi les dix secteurs les plus concernés par l'IA. Les métiers d'actuaire, d'analyste budgétaire, de courtier sont particulièrement exposés.

Métiers augmentés ou remplacés par l'IA

A la différence des ruptures technologiques précédentes, qui ont touché des métiers peu qualifiés, celle-ci aura une incidence sur « des gens qui se sentaient hors d'atteinte (juristes, avocats, spécialistes en fusion acquisition) », relève Yann Arnaud, président de la commission numérique de la fédération professionnelle France Assureurs. Mais tous les métiers ne seront pas également touchés : certains seront « augmentés » et d'autres remplacés.

Sachant cela, quand et comment les entreprises du secteur peuvent-elles préparer leurs salariés ? Norbert Girard, secrétaire général de l'observatoire, a déjà relevé 250 cas d'usage de l'IA dans les assurances, avec « le sentiment que chacun expérimente de manière plus ou moins coordonnée ». Il y a quelques années, la branche « avait certifié 150 000 salariés sur le numérique. Faudra-t-il faire de même sur l'IA ? », s'interroge pour sa part Michel Paillet. Les entreprises de la branche employaient 157 100 salariés en 2023, 1,6% de plus que l'année précédente.

Trois à cinq ans avant les premiers impacts

Sur la manière d'organiser la montée en compétence des salariés, la représentante syndicale et son homologue patronale n'apportent pas les mêmes réponses. Secrétaire générale adjointe de la CFDT banques et assurances, Béatrice Lepagnol estime que « l'important étant l'employabilité des salariés, il faut que ces derniers aient le temps de se repositionner et d'être acteurs de leur parcours ». Ce qui suppose, selon elle, d'en passer par une GPEC (gestion prévisionnelle des emplois et des compétences) négociée à partir des données de l'observatoire des métiers, débouchant sur une nouvelle nomenclature et des formations le cas échéant. Or « il manque un accord de branche pour aider les entreprises à se saisir de l'IA », estime-t-elle.

Il n'y pas le temps pour un tel formalisme, lui répond en substance Claire Silva, vice-présidente de la commission sociale de France Assureurs, par ailleurs membre du comité de direction groupe d'AG2R La Mondiale en charge des RH (ressources humaines). « Nous avons devant nous une période courte, de trois à cinq ans, avant les premiers impacts » de l'IA, pronostique-t-elle. C'est pourquoi « il faut discuter et se former simultanément ». « Plutôt que de prévoir des séquences de formation, il faut construire une culture de l'IA en même temps que l'IA se met en place », explique-t-elle.

Notes   [ + ]