Savoir-agir
Tuteur : une mission qui exige de la méthode
Réfléchir en amont à sa future posture de tuteur, soigner le recrutement de l'apprenant afin qu'il puisse bien s'intégrer dans l'équipe, programmer les contenus d'apprentissage de chaque période… Anticiper les grands moments de sa mission de tuteur est indispensable…
Par Mireille Broussous - Le 05 septembre 2024.
« La mission du tuteur a beaucoup évolué. Le tutorat est désormais une démarche collective. Différents acteurs entourent l'apprenti et le tuteur délègue de nombreuses taches », souligne Benoît Ledoux, consultant en formation qui vient de publier chez Afnor Editions, Manuel pratique du tuteur en entreprise. Bien préparer et réussir sa mission. C'est une chance car le tuteur doit pouvoir continuer à travailler, voire à manager une équipe… Et, il peut d'autant plus le faire qu'il dispose d'une méthode solide pour se lancer dans sa mission.
Cahier des charges et feuille de route
Disposer d'une fiche de poste et d'un cahier des charges permet de savoir quels sont les objectifs à atteindre. « Sans cette base, on ne sait pas où l'on va. Or, le tuteur, est un architecte qui fixe un programme - doublé d'un maître d'œuvre », souligne Benoît Ledoux. Une fois l'objectif défini, reste donc à construire une feuille de route qui permettra de rythmer la formation, et de planifier les apprentissages à trois, six, neuf mois…
Exigence et bienveillance
L'apprenti est un salarié. Il lui revient donc de réaliser une activité productive. « Mais lorsque le tuteur ou les membres de son équipe se consacrent à sa formation à proprement parler, ils doivent changer de posture et évaluer le résultat autrement. Il est important de permettre à l'apprenti de progresser et de réussir en mettant la marche ni trop haut, ni trop bas afin qu'il donne le meilleur de lui-même. Il faut faire preuve de bienveillance mais aussi d'exigence. Un apprenti ne peut pas réussir qu'à moitié ce qu'il entreprend car il doit devenir un professionnel fiable et autonome », note Benoît Ledoux.
Eviter les dérives
Le tuteur doit se concentrer sur la progression pédagogique. Son suivi doit être régulier afin d'anticiper certaines dérives : baisse de motivation se traduisant par des retards, erreurs, etc. Si elles surviennent, il faut en discerner les causes : conflit interne, problème de compétences, difficultés personnelles… Le tuteur doit suivre l'apprenant sans que les incidents qui se produisent inévitablement dans les entreprises ne troublent ni l'évaluation, ni l'avancée de la formation. Il est aussi essentiel que le tuteur aide l'apprenti à s'intégrer et à changer progressivement de comportement. Car, il n'est plus un élève mais devient petit à petit le salarié d'une entreprise.
Montée en compétences
Etre tuteur oblige à prendre de la hauteur vis-à-vis de son métier, de sa pratique professionnelle et transforme la vision que l'on a de son entreprise et de son organisation. « C'est un bon levier pour monter en compétences », observe Benoît Ledoux.