Édito Innovation Septembre/Octobre 2024 - Et si le digital démocratisait l'innovation pédagogique ?
Le succès contemporain de pédagogues du siècle passé comme Célestin Freinet ou Maria Montessori nous rappelle que l'innovation pédagogique n'est pas née avec le digital. Mais celui-ci peut aider au passage à l'échelle.
Par Nicolas Deguerry - Le 19 septembre 2024.
Les technologies numériques qui habitent désormais notre quotidien, à la maison comme dans l'entreprise, et irriguent les différents temps (enfance, adolescence, adulte, vieillesse) et statuts (personnel, professionnel) de nos vies, sont peut-être en train de réussir ce que les innovateurs du siècle dernier n'avaient pas atteint : le passage à l'échelle. Pendant des décennies, les parents pouvaient rentrer dans les salles de classe et trouvaient, exception faite du plumier, des ressources immobilières et mobilières identiques à ce qu'ils avaient connu. Si ceci reste encore vrai dans de nombreux établissements scolaires, cela l'est beaucoup moins dans le supérieur. Depuis une dizaine d'années, bien des universités et écoles de management ont entamé leur mue, s'équipant d'outils numériques et n'hésitant pas à réorganiser les espaces.
Digitaliser pour mieux accompagner
Aujourd'hui, le modèle exclusivement transmissif qui a si longtemps prévalu est challengé par la technologie. Il existe un parallèle entre l'impact du projet encyclopédique sur la diffusion des savoirs et l'impact d'internet sur l'accès à la connaissance et, en relation, les attentes des apprenants. L'innovation pédagogique en marche, ce sont toutes ces technologies, combinées aux apports des neurosciences qui viennent valider les intuitions de la science cognitive, et permettent une véritable redistribution des cartes : c'est l'enseignant, le formateur, dont on attend toujours, certes, qu'il sache transmettre des connaissances, mais sous une forme différente. Il ne s'agit plus de déverser un savoir magistral, un magnétophone posé sur bureau sait très bien faire cela, mais d'accompagner les élèves, apprenants, stagiaires, dans la construction de leur compétence.
Financer l'innovation
Si la compétence est la capacité à agir dans un environnement et une situation donnée, il est difficile d'imaginer qu'elle puisse s'enseigner en dehors de toute pratique. C'est le principe même de la classe inversée. Apprendre en faisant n'est pas nouveau – les Compagnons du Devoir peuvent en témoigner ! – et ne nécessitent pas nécessairement de recourir au numérique. Mais ce dernier concourt à l'objectif. Soit indirectement, en déchargeant le formateur de tâches à faible valeur ajoutée, soit directement, par exemple avec les univers virtuels qui placent l'apprenant en situation d'acteur.
Les bons chiffres de l'apprentissage doivent beaucoup aux règles de financement mais aussi, voudrait-on croire, à la volonté croissante de placer l'apprenant au cœur de la formation. Alors que la French Tech subit une vague de licenciements, reste aux acteurs publics et privés à organiser un modèle économique qui sécurise l'écosystème de l'innovation pédagogique. C'était le vœu du manifeste pro innovation des start-ups du corner, non ?
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