Comprendre ce qui se joue avec les “micro-credentials” en Europe et en France, c’est ce sur quoi l’ADevComp (Association pour l’accompagnement et le développement des compétences) a proposé d’échanger le 18 septembre 2024, en format hybride.

Tour d'horizon de la reconnaissance ouverte (colloque Adevcomp)

Fondée sur l'expérience, décentralisée, individualisée, la reconnaissance ouverte suscite de nombreuses initiatives tant en France qu'en Europe. L'Association pour l'accompagnement et le développement des compétences (Adevcomp) en présentait deux lors d'un colloque organisé le 18 septembre.

Par - Le 23 septembre 2024.

Certifications ouvertes, micro-credentials, verifiable credentials (attestations numériques vérifiables), open badges. L'Association pour l'accompagnement et le développement des compétences (Adevcomp) faisait, le 18 septembre à Paris et en distanciel, un tour d'horizon européen et français de la reconnaissance ouverte de l'expérience et des compétences. Trois enjeux. Il s'agit d'abord, comme le défend Jacques Faubert, président d'Adevcomp, de montrer que « les reconnaissances formelles -diplômes et certifications- ne s'opposent pas aux reconnaissances informelles ». Dit autrement, le diplôme n'est pas l'horizon indépassable de la reconnaissance. Plus techniquement, il s'agit aussi que ces compétences soient reconnues le plus largement possible, à l'échelle européenne notamment. Et, enfin, que ces reconnaissances soient infalsifiables.

Micro-certifications pour les employés à domicile

Les initiatives se sont multipliées ces dernières années, provenant d'acteurs publics comme privés.

Ipéria, l'organisme en charge de valoriser les métiers des employés à domicile, présentera ainsi, le 24 octobre, les résultats d'un projet de micro-certifications mené dans plusieurs pays européens. MyCred4Home -c'est le nom du projet- « expérimente la valorisation de compétences telles que réaliser des opérations de nettoyage, adresser des phrases simples à son employeur, ou s'organiser », décrit Camille Savre, responsable du service ingénieries des métiers et certifications professionnelles à Ipéria. Ces compétences seront auto-évaluées et évaluées par un tiers. Ipéria espère ainsi inciter les salariés du secteur à faire reconnaître leur expérience. Leur reconnaissance par l'employeur passera en revanche par la case RNCP. « Nous réfléchissons à la manière de lier nos certifications formelles et la reconnaissance informelle », déclare Nadège Turco, directrice déléguée.

Le risque d'une tour de Babel informatique

Co-fondateur de la Société Prosoon, qui développe des solutions d'attestations numériques vérifiables, Hugo Spiess est également coordinateur du groupe de travail « micro credentials » de la Commission européenne. L'objectif de ce groupe de travail, constitué l'année dernière, est de « montrer qu'il possible de prouver des compétences sur des micro-apprentissages », explique Hugo Spiess. « La micro credential recourt à l'évaluation, elle se situe entre la « formal accreditation », type RNCP, et l'open badge, qui est une reconnaissance souple », précise-t-il. Il cite en exemple la valorisation de l'expérience d'un créateur d'entreprise, y compris lorsque son projet n'a pas perduré et qu'il se retrouve sans preuve de son expérience. Celle-ci serait évaluée « par l'entrepreneur lui-même, par un réseau d'entrepreneurs et par l'université », décrit-il. Donc non plus seulement par des sachants mais par des « émetteurs de confiance ». La micro credential serait sécurisée par la blockchain. Hugo Spiess signale que pour qu'une reconnaissance -une micro credential ou le passeport compétences français, par exemple- soit largement utilisée -sur Europass comme sur Linkedin-, elle doit « adopter le protocole informatique européen ». « La multiplication des plateformes est un frein », admet-il.