La formation des personnes handicapées, un enjeu de coopération entre acteurs

Faciliter leur accès à la formation, si possible en milieu ordinaire, nécessite d'agir à la fois sur la rédaction du cahier des charges, le financement des compensations, ou encore l'adaptation des contenus. Différents acteurs concernés étaient invités à échanger lors des journées d'étude de la Fagerh les 3 et 4 octobre.

 

Par - Le 09 octobre 2024.

Comment mieux répondre aux aspirations de formation des personnes handicapées en transition professionnelle? s'interroge la Fagerh, qui représente les centres de réadaptation et d'orientation (ESRP). La coopération entre acteurs - Régions, France Travail, Cap emploi, Agefiph, etc. - voulue par la loi Plein emploi, est sensée améliorer la réponse. « On a une obligation collective de répondre aux besoins, y compris sur le handicap psychique, d'adapter le rythme, et de privilégier l'offre de droit commun avant l'offre spécialisée », résumait un intervenant de la table-ronde.

Coopérations entre organismes de formation classiques et spécialisés

En Région Bretagne, le nouvel accord-cadre conclu avec l'Agefiph prévoit « un plan d'accès la formation » qui vise à « progresser sur l'accès aux formations qualifiantes ». La Région vise aussi « une meilleure coopération entre organismes de formation ordinaires et spécialisés », afin d'aménager l'accès aux formations ordinaires. « C'est le cas pour les formations numériques à Rennes, les deux OF travaillent ensemble à partir d'un marché public de la Région », explique Olivier Gaudin, directeur de l'emploi et de la formation.

« Les pouvoirs publics souhaitent développer la formation accompagnée, rappelle la Fagerh, c'est-a-dire, l'accès des travailleurs handicapés aux dispositifs de droit commun ». Cela se déploie par exemple en Normandie, où « 15% des personnes suivies en centre de réadaptation professionnelle (ESRP) suivent une formation accompagnée en milieu ordinaire », ajoute la Fagerh. Mais cette initiative est encore limitée, elle ne concerne que deux ESRP normands, alors qu'il faudrait apporter un appui médico-social à tous les OF ordinaires.

Financer des compensations et aménagements

C'est aussi le rôle du service « handicap formation » de l'Agefiph, qui « répond à des demandes individuelles d’accompagnement ou d'adaptation », va créer « une plateforme de prêt de matériel » pour les stagiaires en formation, et a plus globalement « une mission d'appui des OF sur la mise en accessibilité matérielle et pédagogique des formations », explique Pierre Privat, directeur sécurisation des parcours.

Dans le secteur public c'est le FIHFP qui accompagne les employeurs et finance des aménagements : « Pour tendre vers l'objectif de 6% d'apprentis en situation de handicap dans la fonction publique, on mobilise des aides et on a un « plan alternance » pour faciliter l'accès à ces formations », rapporte Séverine Baudouin, directrice adjointe du FIPHFP.

Faire évoluer la commande publique

« Il faut faire évoluer les appels d'offre pour aller vers des formations plus inclusives », estime Pierre Privat, de l'Agefiph. France Travail essaie d'intégrer cette dimension inclusive dans ses commandes de formation pour demandeurs d'emploi : « On demande par exemple d'adapter le rythme, de proposer des formations à temps partiel, qui peuvent répondre aussi aux besoins d'autres publics comme les parents solos », explique Hervé Baron, responsable des partenariats de France Travail Normandie.

Le Conseil régional de Bretagne estime également avoir fait évoluer la rédaction de son cahier des charges : « Nous avons réintégré dans la commande publique ce qui est prévu pour la compensation. Les OF doivent expliquer ce qu'ils ont prévu pour l'accessibilité des formations », indique Olivier Gaudin.

Dans cette tendance à plus d'inclusion et d’accessibilité des formations de droit commun, « quelle place pour les ESRP » ? s'interroge alors la Fagerh. « On aura toujours besoin d'une offre de formation spécialisée. L'expertise des ESRP peut participer de cette politique d'inclusion à travers des « ESRP hors-les murs », ou pour développer la formation accompagnée », conclut Pierre Privat.