Les États généraux de l’alternance, le 15 octobre 2024, à Lille.
Comment compenser la baisse des aides à l'apprentissage ?
La baisse annoncée des aides de l'État concernant le financement de l'apprentissage aura-t-elle un impact sur l'embauche des jeunes ? Des éléments de réponse ont été abordés lors d'une table ronde aux États généraux de l'alternance, à Lille, mardi 15 octobre.
Par Virginie Menvielle - Le 17 octobre 2024.
Dans un contexte budgétaire contraint, l’avenir du soutien à l’apprentissage de l’Etat préoccupe les CFA (Centre de formation des apprentis) et les OPCO (opérateurs de compétences). Lors des États généraux de l’alternance, mardi 15 octobre, la ministre du Travail et de l’Emploi Astrid Panosyan-Bouvet, a confirmé la baisse : « en 2025, le principe d’aide aux employeurs existera toujours mais il diminuera ». Or, depuis le 1er janvier 2024, cette aide est déjà limitée à 6 000 euros pour la première année du contrat d’apprentissage. Renaud Bricq, directeur de la régulation chez France Compétences, évoque la mise en place « d’un niveau de prise en charge de référence et de laisser ensuite chaque branche déterminer elle-même leur niveau de prise en charge ».
Des formations à double vitesse ?
Cette première piste implique une participation plus grande des entreprises au financement des formations. Thierry Teboul, président de l’Afdas (Assurances formation des activités du spectacle), et représentant les OPCO lors de la table ronde consacrée au sujet, se montre sceptique sur la question. « À l’Afdas, les formations que nous proposons dépassent souvent les 12 000 euros, qui va financer les restes à charge ? ». Pour lui, la baisse d’aides de l’État va favoriser les grandes entreprises qui pourront absorber un coût plus important face aux TPE (très petites entreprises) qui risquent de recruter moins d’apprentis. Il voit dans cette diminution d’aide, l’émergence d’un apprentissage à double vitesse. « À la manière des vols low costs, on fabriquerait de l’apprentissage low cost, les entreprises payeraient des surplus à chaque fois. Celles qui ne voudraient pas payer plus cher, prendraient la version low cost. Cela implique toutefois de la transparence et que les apprentis sachent s’ils sont dans une formation « haut de gamme » ou non ».
Financer la baisse de dotations par les apprentis eux-mêmes ?
L’autre possibilité évoquée : faire porter le reste à charge sur l’apprenti lui-même. Les intervenants y sont majoritairement défavorables. Pour Jean-Philippe Audrain, président de la FNADIR (Fédération Nationale des Directeurs de CFA), cette piste doit être écartée. « Beaucoup de jeunes vivent des situations économiques compliquées. Ils doivent financer des hébergements sur deux sites, celui de l’entreprise et celui du CFA, et ne sont hébergés par leurs parents dans aucun des cas », souligne-t-il. Thierry Teboul envisage toutefois une hausse des cotisations sociales des apprentis. « Les apprentis ont un contrat de travail qui leur ouvre des droits au chômage, aux arrêts maladies, et il ne me paraît pas incohérent de ne pas les faire cotiser autant que les contrats de professionnalisation. » Mais Yves Hinnekinkt, président de Talis Education Group, représentant l’offre de formations, la baisse des dotations s’accompagnera d’une baisse « du nombre d’apprentis ». « On va revenir aux 800 000 apprentis », conclut-il.