Observatoires de branches, le temps de l’action
Organisée par France compétences mercredi 16 octobre, l'édition 2024 de la journée des observatoires de branches confirme la montée en puissance de ces outils d'aide à la décision dans les politiques d'emploi et de formation. Des thématiques portant sur les tensions de recrutement et l'apprentissage s'imposent dans leurs travaux.
Par Catherine Trocquemé - Le 18 octobre 2024.
Les opérateurs de compétences et leurs branches professionnelles se sont réunis le 16 octobre pour la journée annuelle dédiée aux travaux des observatoires prospectifs des métiers et des qualifications (OPMQ) organisée par France compétences. En préambule, Mikael Charbit, conseiller apprentissage, certification et qualité au cabinet de la nouvelle ministre du Travail Astrid Panosyan-Bouvet rappelle l’importance stratégique de ces outils. « Ils s’inscrivent dans l’esprit de la réforme de 2018 qui pense le système de formation en réponse aux besoins en compétences du marché du travail. A ce titre, ils irriguent de nombreux volets de la politique publique. Paritaires, ils jouent un rôle fondamental dans le champ des certifications professionnelles comme dans le process de fixation des niveaux de prise en charge des contrats d’apprentissage ». Interrogé sur l’avenir au moment où le débat budgétaire promet des arbitrages complexes, le conseiller reste prudent. « L’Etat continuera de soutenir, en lien avec les partenaires sociaux, les transformations des compétences et de l’organisation du travail". Au fil des tables rondes, les intervenants présentent des applications concrètes nées des analyses fournies par les travaux des observatoires.
Un outil pour piloter les politiques de gestion des compétences
Dans le commerce, un site paritaire interbranches a été construit comme un véritable outil d’aide à la décision. Devenues incontournables pour attirer et fidéliser les talents, les mobilités professionnelles répondent également aux évolutions des métiers. A l'échelle de la filière, le site permet de comparer les métiers, identifier les compétences communes et les formations nécessaires à la construction de passerelles. On y trouve également des guides de l’alternance et les études phares des observatoires. « Il s’adresse aux entreprises, aux branches professionnelles, à nos partenaires et aux particuliers », précise Florence Mange, de l’Opcommerce. Le secteur de l’import-export doit faire face à de forts enjeux liés à la pyramide des âges et à l’accélération des évolutions technologiques. « Nous sommes sur l’opérationnel. A partir des travaux de l’observatoire, nous agissons », explique Virginie Arnoult de la branche de l’import-export et du commerce international. Une étude sur la génération Z (personnes nées entre 1997 et 2012) objective les attentes de ces jeunes actifs et donne ainsi des éclairages aux entreprises pour élaborer leur stratégie de communication et adapter leur management.
Un outil pour piloter la politique de certification
Autre levier d'attractivité et d'adaptation aux évolutions des compétences, de nombreuses branches utilisent les études prospectives pour travailler sur leur portefeuille de certifications professionnelles. Dans les pharmacies, de nouveaux métiers émergent pour répondre à l’élargissement des missions des officines. « Nous préparons une nouvelle certification pour le métier de logisticien « back office » de plus en plus nécessaire dans l'organisation du travail », confirme Roger Halegouet, de la branche des pharmacies d’officine. Les études des observatoires permettent d'anticiper les besoins et alimentent les notes d’opportunité, cruciales dans l’étude des dossiers d’enregistrement aux répertoires nationaux par les équipes de France compétences. Dans le secteur des assurances, les travaux des observatoires nourrissent ainsi les réflexions autour de la révision de son BTS et de la création de CQP pour les activités de souscription et indemnisation.
Un outil pour piloter la qualité de l’apprentissage
Avec le développement de l’alternance, les questions de qualité des parcours, de la professionnalisation des tuteurs et de l’insertion professionnelle des apprentis se posent avec acuité. Ces préoccupations concernent de plus en plus de projets d'analyse confiés aux observatoires (voir encadré). Au coeur des enjeux, la relation entreprise, CFA et apprenti. Dans le secteur de la construction, une étude a été réalisée sur les ruptures de contrats. A la lumière de ses résultats, un plan d’action a été mis en place. « Nous avons identifié des axes prioritaires autour des pratiques de recrutement, la sensibilisation des entreprises, un suivi particulier sur des publics sensibles et le rôle du CFA », confirme Marie Ferhat, présidente de l’Observatoire collège salariés). Le sujet de la qualité de l'apprentissage déjà très présent avant le changement de gouvernement devrait continuer d'être une priorité du ministère du Travail dans les mois qui viennent.
Plateforme digitale rassemblant les travaux prospectifs des observatoires, la Grande Bibliothèque offre un outil à tous les acteurs parties prenantes de la construction des politiques emploi-formation.
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