Les dynamiques écologiques permettent de développer les compétences des salariés
L'intégration de pratiques écologiques dans des commerces de détail alimentaire influe sur la transformation du travail et sur l'évolution des compétences des salariés, selon une enquête du Cereq
Par Sarah Nafti - Le 07 novembre 2024.
Les dynamiques écologiques ont une influence sur la transformation du travail et l'évolution des compétences des salariés, selon une enquête du Céreq auprès de deux commerces alimentaires, une laiterie-fromagerie indépendante et un magasin d'alimentation biologique. Ces structures « oeuvrent à combiner une orientation militante avec un modèle économique viable » et « se caractérisent par une volonté de proposer une alternative aux pratiques de la grande distribution alimentaire et de l'agriculture conventionnelle ».
Approche éducative
Ainsi, l'écologisation « transforme et enrichit le métier de vendeur », en intégrant des pratiques durables et une approche éducative. Les employés développent « des compétences diversifiées et approfondies ». Par exemple, les vendeurs se chargent d'une mission d'éducation des clients sur les questions environnementales, ce qui redonne du sens à leur métier souvent dévalorisé. Parallèlement, ils gardent leurs activités plus classiques : vendre, mettre en rayon, nettoyer le magasin... Cette polyvalence « collectivise ainsi les tâches répétitives, limitant une division stricte du travail perçue comme un facteur de stress et de dégradation de la relation client ».
En outre, dans la laiterie, les employées participent à la fabrication des fromages, ce qui accroit leurs compétences techniques. Elles gèrent également un système de consignes des pots de yaourt en verre. « La gestion des déchets qui inclut des tâches habituellement externalisées comme le nettoyage favorise aussi l'adoption d'une réflexion systémique et une prise de conscience accrue de l'impact environnemental de leur travail ».
Pratiques de délibération collective
Dans les deux cas observés par le Cereq, le développement professionnel repose sur des pratiques de délibération collective et de partage des compétences. « Consacrer un temps de l'activité dédié à la réflexion collective sur l'organisation du travail permet aux vendeurs de s'en approprier le sens et d'introduire plus d'autonomie. » Ces dynamiques reposent sur un collectif capable de délibérer et d'agir de manière coordonnée. Les compétences utiles incluent « la capacité à analyser les impacts environnementaux des pratiques professionnelles, transmettre des messages aux clients, proposer des solutions innovantes et négocier des changements organisationnels ».
Changements dans le recrutement
Ces changements de pratiques professionnelles et de compétences des vendeurs, impliquent aussi des changements dans le recrutement avec « des profils divers pour intégrer les problématiques environnementales ». Ce processus, remarque le Céreq, se heurte toutefois à la pression du modèle dominant. Pour les auteurs de l'enquête, « renforcer et diffuser ces dynamiques pour qu'elles aient un impact significatif sur l'ensemble des acteurs de la chaîne de production nécessite de surmonter les dépendances aux modèles industriels dominants (l'attachement, souvent contraint, à des pratiques et technologies commerciales ancrées) tout en mettant en avant des pratiques inclusives et durables ».
Consulter le Bref du Cereq.