La VAE attend toujours son service public
Créé fin 2022 pour simplifier l'accès à la validation des acquis de l'expérience (VAE), le service public de la VAE, censé être universel, n'existe que pour 24 diplômes. Sans budget dédié depuis novembre 2024, France VAE ne peut assister des centaines de candidats et leurs accompagnants.
Par Emmanuel Franck - Le 13 janvier 2025.
En 2025, tous les actifs peuvent s'inscrire sur France VAE en vue d'obtenir, par validation de leur expérience professionnelle, une des certifications enregistrées au RNCP, et bénéficier de l'accompagnement d'un architecte accompagnateur de parcours (AAP). C'est en tous cas le principe du service public de la validation des acquis de l'expérience (VAE) créé par l'article 10 de la loi du 21 décembre 2022 sur le marché du travail et son décret du 27 décembre 2023. L'idée du législateur est de simplifier la VAE, afin de la rendre moins complexe et rébarbative pour les candidats. Au moment du vote de la réforme, seules 30 000 personnes bénéficiaient d'une VAE chaque année ; 70% abandonnaient en cours de route. En créant un service public, le gouvernement espérait susciter 100 000 VAE d'ici 2027.
24 diplômes accessibles
Cet objectif paraît actuellement inatteignable. Car dans la pratique, seuls 24 diplômes sont accessibles depuis France VAE. Et pour connaître la liste et s'apercevoir qu'elle ne couvre que les secteurs de la santé, du sanitaire et du social, il faut aller chercher dans la foire aux questions. « Prochainement, d'autres diplômes seront accessibles sur France VAE », promet néanmoins le site. On est donc loin de l'universalité promise par la loi, qui prévoyait que ce service public soit porté par un groupement d'intérêt public, toujours pas créé. C'est moins, également, que les 217 certifications couvertes il y a encore un an par la version expérimentale de France VAE.
Les candidats doivent puiser dans leur CPF
Côté financements, le candidat actuel à la VAE ne pourra compter que ce que prévoit le droit commun : son congé VAE de 48 heures, son compte personnel formation (CPF), d'éventuels abondements de son employeur, de son opérateur de compétences (Opco), de la Région ou de France Travail s'il est demandeur d'emploi. Pourtant, jusqu'au 28 octobre 2024, « les candidats inscrits pouvaient faire financer leur VAE par France VAE via Uniformation », l'Opco de la cohésion sociale, rappelle Jacques-Alexandre Habif, co-fondateur du cabinet Perspectives & Rebonds et architecte accompagnateur de parcours (APP). Mais les moyens n'ont pas suivi. Le budget dédié à France VAE en 2023 et 2024 n'a pas été reconduit. Fin 2024, les caisses étaient donc vides. « Début décembre 2024, nous nous sommes rendu compte qu'Uniformation refusait de financer les dossiers qui lui étaient parvenus après le 18 novembre », raconte-il. Il estime que 3 000 inscrits à qui France VAE avait promis un financement ont été orientés vers les solutions de droit commun.
Pétition des APP
Quant aux architectes accompagnateurs de parcours, ils ont dû hausser le ton pour se faire rembourser les frais qu'ils avaient avancés pour faire démarrer ce dispositif. Après une pétition au printemps 2024, France VAE a finalement « commencé à régler ce qui était dû aux AAP », signalent les pétitionnaires. « France VAE n'a jamais eu de communication claire auprès des APP. Nous avons toujours été mis devant le fait accompli », regrette Jacques-Alexandre Habif. Il estime que « cette réforme a beaucoup coûté aux candidats et aux architectes accompagnateurs, en temps, en confiance et en argent ». Reste qu'elle a quand même permis de simplifier le parcours administratif des candidats.