Rencontres Auto Skills Europe : la mobilité des jeunes passe aussi par l'innovation sociale et pédagogique

Au-delà de la volonté politique et des initiatives européennes ambitieuses, la mobilité internationale des apprentis repose aujourd'hui sur un socle fragile, fait de coordinations encore inégales, d'outils à mutualiser et de freins culturels. La rencontre "Auto Skills Europe : Driving youth mobility", organisée début avril à Paris par l'ANFA, a montré que si les ambitions sont là, il reste encore à consolider les fondations.

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Par - Le 11 avril 2025.

Avec seulement 12 % des apprentis concernés à l'horizon 2030, l'enjeu est de taille. Et il ne suffit pas de créer des opportunités : encore faut-il que les jeunes s'en saisissent, que les établissements les accompagnent efficacement et que les entreprises y trouvent du sens. « Le véritable défi, c'est l'ancrage », résume Guillaume Faurie, délégué général de l'ANFA. Car si les échanges internationaux sont en plein essor, notamment grâce aux CFA pilotes et aux efforts des coordinateurs européens, ils restent parfois perçus comme des "projets exceptionnels", plutôt que comme une composante naturelle de la formation professionnelle.

Harmoniser les compétences

Un des enseignements forts de la rencontre est la nécessité de mieux professionnaliser et harmoniser le rôle des coordinateurs de mobilité. Aujourd'hui, entre les attentes institutionnelles, les obligations pédagogiques et les différences de référentiels d'un pays à l'autre, ces acteurs essentiels naviguent souvent à vue. La plateforme Moving Skills, en phase de finalisation, promet d'apporter de la lisibilité et de la cohérence dans ce paysage. Avec déjà 500 coordinateurs et 400 apprentis enregistrés, elle vise à définir 5 compétences clés communes à l'échelle européenne : coordination, interculturalité, communication, valorisation et organisation. Une première étape vers une reconnaissance partagée des rôles et des bonnes pratiques.

Langues et soft skills

La langue reste l'un des principaux freins à la mobilité. C'est pour y répondre que l'ANFA développe Autolingo, un outil linguistique spécifiquement dédié au vocabulaire technique automobile. Disponible gratuitement et conçu en cinq langues, il permettra aux apprentis de s'exercer en autonomie, avec prononciation audio et descriptions illustrées. Mais au-delà des mots, c'est souvent la capacité à travailler en équipe interculturelle, ou la simple ouverture à l'inconnu qui conditionnent le succès d'une mobilité. Les fameuses « soft skills », souvent négligées mais désormais au cœur des préoccupations.

Transition écologique

Enfin, il serait incomplet de parler de mobilité sans évoquer les mutations du secteur automobile lui-même. L'initiative Autocove 2.0, soutenue par la Commission européenne, veut anticiper l'évolution des métiers autour des véhicules électriques et hybrides. Objectif : créer 17 modules de formation adaptés aux nouvelles technologies d'ici 2027. Une occasion de repenser la mobilité des apprentis non plus seulement comme un tremplin professionnel, mais aussi comme une expérience de transformation écologique.

La mobilité internationale des apprentis est en marche, mais son avenir dépendra autant des outils techniques que de la capacité collective à penser autrement l'alternance : plus inclusive, plus transversale, plus connectée à la réalité des métiers et des jeunes.

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