« Les CCI candidates aux appels d'offres régionaux du conseil en évolution professionnelle » (Patrice Guézou)
Par Nicolas Deguerry - Le 19 mars 2018.
La ministre du Travail l'a annoncé le 5 mars, un nouveau conseil en évolution professionnelle à destination des salariés va être créé et un opérateur sera sélectionné par appel d'offres dans chaque région. Jusqu'ici écartées du dispositif, les chambres de commerce et d'industrie entendent bien saisir l'opportunité. Explications du réseau CCI France, avec Patrice Guézou, directeur emploi formation entrepreneuriat et Clémence Soria, responsable du domaine formation et compétences.
Aujourd'hui circonscrite pour l'essentiel aux cinq opérateurs nationaux désignés par la loi de 2014, la délivrance du conseil en évolution professionnelle (CEP) devrait s'étendre, pour les salariés, à d'autres réseaux dans le cadre des appels d'offres régionaux prévus par la future loi pour la liberté de choisir son avenir professionnel (Intitulé « Projet de loi sur les parcours professionnels » dans le calendrier des textes dont le gouvernement prévoit l'inscription à l'ordre du jour prioritaire communiqué par Christophe Castaner le 12 mars.). Directeur emploi formation entrepreneuriat de CCI France, Patrice Guézou indique au Quotidien de la formation que « les chambres de commerce et d'industrie se porteront candidates ». Évoquant aussi bien l'activité d'appui RH aux entreprises, les espaces “ Entreprendre " (Les espaces “ Entreprendre " des CCI accueillent, conseillent et accompagnent les créateurs et repreneurs d'entreprise) et la densité du maillage territorial assuré par les CCI, il dresse en creux la légitimité du réseau consulaire à se saisir du CEP salariés : « L'accueil des salariés, des chefs d'entreprise, des auto-entrepreneurs et de tous ceux qui veulent s'interroger sur leur employabilité est au cœur de notre vocation et de notre savoir-faire ! »
Prestataire prescripteur
À la question de savoir si l'ambition des CCI ne sera pas freinée du fait que le réseau est également opérateur de formation, Patrice Guézou répond de manière confiante.
« D'une part, l'activité de conseil peut clairement et administrativement être distinguée de l'éventuel acte de formation qui s'en suivra ; d'autre part, ce n'est pas parce que vous êtes en position de produire une aide au diagnostic et au positionnement que vous allez formuler, comme par hasard, une proposition de formation réduite à la CCI », commente-t-il.
Pour Clémence Soria, responsable du domaine formation et compétences, il faut aussi se souvenir que la dimension conseiller prescripteur a déjà existé, ainsi qu'en témoigne l'exemple des centres interinstitutionnels de bilan de compétences (CIBC) dont certains ont, selon elle, été retenus comme opérateurs CEP par certaines Régions dans le cadre de la loi de 2014. Surtout, elle souligne la difficulté opérationnelle qu'il y aurait à écarter les acteurs à multiples compétences, du fait du nombre d'opérateurs qui sont effectivement « positionnés sur plusieurs champs de la chaîne accueil-information-orientation-formation-emploi ». Par ailleurs membre de la commission Parcours professionnels du Cnefop (Conseil national de l'emploi, de la formation et de l'orientation professionnelles, elle évoque aussi un récent bilan CEP pour rappeler que le nombre de bénéficiaires ayant conclu leur accompagnement par une entrée effective en formation n'est pas non plus « si élevé ».
Nouveau format
À noter enfin que si les CCI accueillent avec satisfaction le nouveau cadre du CEP, Clémence Soria n'en émet pas moins un bémol quant au passage de trois niveaux d'intervention à deux. Et d'expliquer : « La loi qui a posé le principe des trois niveaux date de 2014, la mise en œuvre de 2015 et, aujourd'hui, en 2018, cela commence tout juste à prendre, pourquoi changer ? », interroge-t-elle. Au-delà, elle dit aussi son attachement au premier niveau, qui ne devrait selon elle surtout pas être réduit à une plateforme d'information dématérialisée : « Tout le monde n'est pas égal derrière son écran. Or le CEP est un droit universel qui s'adresse à tous, y compris les publics les plus fragiles qui ont des besoins accrus d'accompagnement », conclut-elle.