« Les entreprises continuent à privilégier l'apprentissage malgré la crise sanitaire » (Pierre Beaulier, Galileo global education)
Interview de Pierre Beaulier, directeur du pôle management de Galileo global education, deuxième acteur mondial de l'enseignement supérieur privé, qui compte 110 000 étudiants répartis dans 42 écoles dans 13 pays dans les domaines des arts, de la création, du design, de la communication et du management.
Par Eric Delon - Le 26 mai 2020.
Centre Inffo - En quoi le confinement imposé mi-mars en raison de la crise sanitaire liée au Covid-19 a-t-il affecté votre organisation ?
Pierre Beaulier - Notre groupe compte 50 000 étudiants en France dont 15 000 travaillent déjà sur un mode distanciel. Lorsque le confinement a été instauré par le gouvernement, nous avons basculé l'ensemble de nos formations sur ce dispositif. L'expérience que nous avons acquise en ce domaine dans l'ensemble des pays où nous sommes présents depuis plusieurs années nous a beaucoup aidés. En France, les grèves massives du début d'année liées à la réforme des retraites avaient agi comme une sorte de répétition générale involontaire pour notre organisation pédagogique virtuelle. Nous étions un peu inquiets au départ, mais tout s'est parfaitement déroulé, y compris l'organisation des oraux et des partiels. Le taux de satisfaction des étudiants quant à la nouvelle organisation s'est révélé très élevé. Au cours des webinaires organisés ces deux derniers mois, les étudiants se sont montrés très présents, impliqués. Certains d'entre eux, plus timides, ont pu s'exprimer avec davantage de facilité, à distance. Sur un plan pédagogique, nous avions formé, en amont, nos professeurs à l'enseignement à distance.
Centre Inffo - Certains de vos enseignements ne sont-ils pas difficilement transposables du présentiel au distanciel ?
Pierre Beaulier - Effectivement, certains cours se prêtent moins à l'enseignement à distance comme les mathématiques financières par exemple, car il s'agit de matières particulièrement ardues. Idem pour le Cours Florent, notre célèbre école de théâtre, où les problématiques de gestuelle sont beaucoup plus facilement appréhendables en présentiel.
Centre Inffo - Comment les entreprises qui recrutent vos étudiants en apprentissage réagissent-elles par rapport à la crise économique sévère qui s'annonce ?
Pierre Beaulier - Pour être parfaitement honnêtes, nous étions un peu inquiets lorsque la crise sanitaire s'est installée, car l'on pouvait penser que, mécaniquement, les entreprises allaient réduire la voilure en matière d'alternance. En fait, les demandes de candidats n'ont guère diminué. Il est vrai qu'un grand nombre d'entreprises partenaires sont des grands comptes et raisonnent en termes de pré-recrutement et d'investissement humain à long terme. Effectivement, nous sommes un peu plus préoccupés pour nos étudiants en tourisme et en événementiel sportif, étant donné le lourd tribu que ces secteurs paient à la crise. Mais il y a une lumière au bout du tunnel. Les entreprises que nous interrogeons sont confiantes dans le redémarrage de l'économie. Avec le confinement, les entreprises ont encore davantage eu recours à la visio-conférence pour recruter les alternants. Une preuve supplémentaire de la transformation virtuelle des relations entre les entreprises et les étudiants nous a été fournie par notre Forum entreprise que nous organisons chaque année fin mars. Il réunit sur deux jours 200 entreprises et 4000 jeunes. Cette année, nous l'avons donc organisé de manière virtuelle. 130 entreprises étaient présentes et 2500 jeunes. Autant dire que le succès a été, une nouvelle fois, au rendez-vous.