Crise du coronavirus : la digitalisation à marche forcée des CFA
Face à la crise sanitaire les centres de formation d'apprentis (CFA) accélèrent fortement leur transformation digitale. Selon une enquête lancée le 26 mars dernier par la Fnadir, 92% de ses adhérents avaient déployé une solution de formation à distance alors qu'avant le confinement, 25% d'entre eux n'en disposaient pas. Des freins ont toutefois été mis en lumière.
Par Catherine Trocquemé - Le 21 avril 2020.
Dès l'annonce des mesures de confinement, les CFA se sont mobilisés pour assurer la continuité pédagogique. Cette bascule forcée vers le tout digital n'était pas acquise. En effet, la transformation de leur offre n'était pas partout engagée, loin s'en faut. Selon une enquête lancée par la Fnadir le 26 mars dernier auprès de ses 560 directeurs de CFA, ces efforts fournis en urgence ont porté leurs fruits.
Alors qu'avant la crise 25% des établissements du réseau de la Fnadir n'avaient pas déployé de solutions de cours à distance, 92% des établissements du réseau en ont mis en place. Dans le détail, 64% d'entre eux ont choisi une plateforme de contenus pédagogiques ; 43% une plateforme intégrant des exercices interactifs (contre 28% avant la crise sanitaire) et 40% des classes virtuelles (contre 15% avant la crise sanitaire).
“La bascule a été rapide. Il y a eu beaucoup de bienveillance de la part des stagiaires qui ont, parfois, co-construit des solutions avec les formateurs, précise Roselyne Hubert, présidente de la Fnadir. Des CFA ont pu s'appuyer sur des réseaux comme les réseaux consulaires, les branches mais aussi la démarche solidaire de certains fournisseurs qui proposent leurs outils technologiques gratuitement."
Les CFA se disent en grande majorité satisfaits des solutions. La crise sanitaire semble ainsi avoir donné une nouvelle dynamique et précipité la transformation digitale du secteur.
Accès aux équipements
Le sujet est devenu un élément crucial pour traverser la crise actuelle mais s'inscrit également dans une tendance de fond. “Nous observons beaucoup d'échanges de bonnes pratiques y compris sur notre plateforme. Les CFA réfléchissent aux différentes modalités et à l'ingénierie pédagogique de la formation à distance", confirme Roselyne Hubert.
Cette expérience révèle au grand jour des freins qui devront être levés. Selon l'enquête de la Fnadir, 45% des CFA expriment ainsi un besoin d'accompagnement pour le déploiement de leurs solutions digitales. Il apparaît notamment essentiel que les formateurs soient davantage formés aux outils technologiques et à l'ingénierie pédagogique.
Autre point de vigilance déjà identifié mais confirmé par la crise sanitaire, les inégalités entre les stagiaires face à la formation à distance risquent de se creuser si des mesures fortes ne sont pas prises. “Faute d'équipement informatique ou de connexion internet, certains jeunes ne peuvent bénéficier de la continuité pédagogique. Nous devrons engager une réflexion au niveau national pour garantir l'égalité des chances", assure Roselyne Hubert. Cette fracture numérique devrait donc devenir un enjeu majeur de l'après-crise. Des financements devront être trouvés auprès des opérateurs de compétences ou encore des Régions.
Dans cette période de confinement, la digitalisation permet également de lancer des campagnes de recrutement d'apprentis pour la rentrée de septembre. Une rentrée placée sous le signe de l'incertitude et de l'inquiétude. Les entreprises, très fragilisées, se concentrent sur leur plan de sauvegarde de leur activité et commencent à peine à réfléchir à la sortie de crise (voir article).