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N°1 - Septembre-octobre 2017

En Lorraine, des demandeurs d'emploi expérimentent l'économie circulaire

Par - Le 28 juin 2017.

La communauté de communes du Toulois, en Lorraine, a initié une démarche de formation dans le domaine de l'économie circulaire. Objectif ? Sensibiliser les demandeurs d'emploi et les entreprises à ce concept économique qui veut que le déchet d'une industrie soit recyclé en matière première. Un fonctionnement en boucle. Encore faut-il “contribuer à la structuration de cette filière d'activité", indique Isabelle Weyandt, pilote du projet au sein du groupement d'intérêt public Formation tout au long de la vie (GIP FTLV), qui fédère tous les Gréta de Lorraine, sous la présidence du recteur de l'Académie.

Cette formation rémunérée de quatre mois, ouverte à un public de demandeurs d'emploi peu ou pas qualifiés, a été conçue à la demande du Conseil régional et de la Maison de l'emploi. Celle-ci soutient depuis plusieurs années le développement d'activités en lien avec l'économie circulaire. Une enquête réalisée en 2015 auprès de 50 entreprises a révélé un intérêt pour la démarche de recyclage, et un besoin d'information et d'accompagnement.

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Indispensables périodes en entreprise

Une dizaine d'entreprises – dont la déchetterie de Toul, Auchan Nancy, Vosgelis Epinal, ICD Toul, la mairie de Foug, Point Vert Toul – ont accepté de recevoir un stagiaire en formation et de lui confier un projet sur le thème de l'économie circulaire. “Nous souhaitions que le stagiaire participe à la co-construction d'un projet utile à l'entreprise", explique Isabelle Weyandt. Les quatre mois de formation (de décembre à avril dernier) comprenaient trois périodes en entreprise. “Chaque stagiaire était accompagné par un formateur du Gréta, qui le conseillait dans le choix et la réalisation de son projet, et lui rendait visite en entreprise", précise-t-elle.

La déchetterie de Toul a confié à ses deux stagiaires la réalisation de fiches de communication pour les usagers de la déchetterie, réexpliquant le contenu de chaque benne, afin d'éviter des surcoûts de traitement. “Même si nous n'allons pas recruter dans l'immédiat, cette démarche de formation et de sensibilisation des entreprises est intéressante. C'est un enjeu très actuel", indique Arnaud Crunchant, responsable de la déchetterie. Dans la grande distribution, plusieurs stagiaires ont étudié la possibilité de regrouper les déchets organiques et invendus pour les transférer vers une ferme de méthanisation, et les transformer en gaz. “Leur étude a montré que cela reste trop lourd à mettre en place pour les magasins", observe Hervé Richard, responsable pédagogique. Chez Vosgelis, sur proposition de la direction, le stagiaire a mis en place une collecte des papiers dans les bureaux après enquête auprès des salariés. À la mairie de Foug, il a proposé la réalisation d'un dépliant pour sensibiliser les habitants au tri des déchets ménagers. ICD, entreprise qui fabrique et recycle des pièces détachées pour automobiles, a commandé à ses stagiaires une enquête auprès des garages du territoire, sur la mise en place d'une nouvelle réglementation concernant les pièces d'occasion, et qui a révélé la mauvaise compréhension de cette nouvelle règle.

Les sept piliers de l'économie circulaire

Les douze semaines de cours dispensés au lycée de Toul par des formateurs du Gréta abordaient ainsi les thèmes du recyclage et de la valorisation des déchets, d'approvisionnement durable, d'écoconception des produits et services, d'écologie industrielle et territoriale, de consommation responsable.
Le programme de formation portait sur les sept piliers de l'économie circulaire, avec des éléments de définition, de contexte réglementaire, les normes et certification. Il comportait aussi des visites et témoignages d'entreprises locales en pointe sur le sujet, proposées par l'Ademe (Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie). “En impulsant cette réflexion collective sur le territoire, la communauté de communes espère à terme encourager le partage de personnel lié au recyclage, les achats en commun, et les prestations partagées de traitement des déchets", explique Isabelle Weyandt.

Sur dix stagiaires, trois étaient titulaires d'un bac, quatre d'un CAP et trois étaient sans diplôme. “Cette formation ne débouche pas sur une certification mais leur permet d'acquérir des compétences complémentaires à un métier", indique Sarah Rezak, coordinatrice. Une partie d'entre eux va poursuivre par un CAP propreté de l'environnement urbain, collecte, recyclage (PEUCR), que le Gréta lance en juin. À travers dix-huit semaines de cours et sept en entreprise, il donne accès aux métiers d'agent de nettoiement, de collecte, de déchetterie, d'opérateur de centre de tri et de démantèlement. “C'est la première fois que nous mettons en place ce nouveau cursus", se félicite Hervé Richard.