La fonction formation dans « le monde d'après » (étude Garf)
Après la réforme, après la pandémie : la fonction de responsable formation en entreprise sort changée, voire renforcée, estime le Groupement des acteurs et responsables de la formation (Garf) dans une enquête dont le Quotidien de la formation révèle les principaux enseignements.
Par Laurent Gérard - Le 03 mars 2021.
Les « Garfistes » se sont confiés à l'un des leurs [ 1 ]Enquête réalisée par Grégoire Lefèvre, dirigeant fondateur du cabinet Optiformance et membre du Garf, par entretiens qualitatifs auprès d'acteurs et de responsables de la formation, d'octobre 2020 à février 2021. pour dessiner le monde d'après réforme et d'après pandémie. En est née une étude qui n'a pas vocation à être diffusée, mais dont le président du Garf, Sylvain Humeau, cite pour Centre Inffo les points-clés, avec un fil conducteur : la réforme de 2018 et la pandémie du Covid redorent le blason des responsables formation, car jamais on a autant parlé formation en dehors du cercle des spécialistes, et jamais les responsables formation n'ont été autant sollicités.
L'expertise juridique et administrative demeure obligatoire
« Une réforme de la formation professionnelle majeure, et une pandémie : cela a de quoi dessiner les défis des responsables formation, sourit Sylvain Humeau. Clairement, une veille et un suivi dans les domaines juridique et financier, administratif, restent de mise. L'objectif, au plan juridique, est à la fois la mise en conformité avec les obligations légales et une mise en œuvre des dispositifs légaux, par exemple, l'entretien professionnel. »
La compétence financière devient plus prégnante
« Le besoin d'expertise financière se renforce : gestion des achats de prestations auprès des organismes de formation et des fournisseurs technologiques. Les financements de formation étant plus restreints qu'auparavant, l'optimisation budgétaire continue d'être importante et a même tendance à devenir encore plus forte. Cela implique aussi un savoir-faire de communicant auprès des directions générales, administratives et financières pour éviter des restrictions budgétaires néfastes et argumenter sur la valeur ajoutée de tel ou tel projet de développement des compétences. »
Les relations avec les acteurs et partenaires institutionnels de l'emploi et de la formation sont cruciales
« Pôle emploi pour les POEI ; la branche professionnelle et l'Opco ; la Région, etc. Le responsable formation est au centre de relations avec les acteurs et partenaires institutionnels de l'emploi et de la formation. C'était déjà le cas avant la pandémie, cela tend à s'accroître. »
Le responsable formation devient « training business partner »
« La formation joue un rôle-clé en faveur d'une sortie de crise : développement des compétences, levier d'attractivité et de fidélisation des collaborateurs. La fonction formation/développement des compétences participe aux comités de direction. Son cœur de métier est désormais sa capacité à traduire les besoins business en besoins en compétences : la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences revient. »
La veille technologique devient une nécessité
« Avec la pandémie, un rôle de veille des technologies utilisées en formation, voire en télétravail et en management à distance, a été de fait exercé par les responsables formation. Ce qui les confronte à de nouveaux enjeux et compétences : la sécurité informatique et les interactions avec la direction des systèmes d'information. »
« De plus, ils jouent de plus en plus un rôle d'animation de communautés internes à l'entreprise : RH, formateurs internes ou occasionnels, tuteurs, management… Ce rôle d'animation digitale de différentes communautés représente une certaine nouveauté, et est un enjeu majeur dans un contexte de télétravail où l'émergence de collectifs de travail est difficile. »
Le basculement vers la formation distancielle appelle une nouvelle ingénierie
« FOAD, Mooc, réalité virtuelle, intelligence artificielle… On a assisté à une digitalisation à marche forcée de la formation, du fait de la pandémie. Ce mouvement de digitalisation s'est traduit par une certaine modernisation des formats utilisés : On n'est plus sur les anciens formats de e-learning mais sur des formats nouveaux, qui prennent en compte l'ingénierie pédagogique et la dimension collective de l'apprentissage avec les communautés digitales. La digitalisation de la formation nécessite une ingénierie de conception particulière : il ne s'agit pas d'une simple transposition du présentiel en formation distancielle. On ne reviendra plus comme avant. Mais le tout distanciel ne sera pas l'unique solution. »
Personnalisation et massification de la formation digitale doivent être gérées
« L'explosion du digital crée une double tendance quelque peu contradictoire : personnalisation des parcours mais aussi, pour des raisons d'économie d'échelle, massification de l'individualisation. Cette réflexion sur les modalités de formation est essentielle par rapport à une rationalisation financière qui peut justifier une digitalisation à 100% de la formation pour réaliser des économies. Et elle accentue un défi pour les responsables formation : la lutte contre l'illectronisme », conclut le président du Garf.
Le FNE-formation se recentre sur les enjeux de la reprise (Webinaire Centre Inffo) https://t.co/H7dfi2xKdh via @centreinffo #DGEFP#Planderelance #francerelance #Formpro #FneFormation
— Centre Inffo (@centreinffo) February 22, 2021
Notes
1. | ↑ | Enquête réalisée par Grégoire Lefèvre, dirigeant fondateur du cabinet Optiformance et membre du Garf, par entretiens qualitatifs auprès d'acteurs et de responsables de la formation, d'octobre 2020 à février 2021. |