Savoir-agir
La réalité virtuelle contre les discriminations
Lutter contre le sexisme, éradiquer le harcèlement, faire en sorte que le handicap ne soit pas à l'origine d'exclusion professionnelle sont des enjeux majeurs pour les entreprises. Pour y parvenir, l'apprentissage par l'expérience via la réalité virtuelle est efficient.
Par Mireille Broussous - Le 19 juillet 2024.
Pas si simple de parler de sexisme en entreprise ! Et encore moins de casser certaines représentations bien ancrées sur la place des femmes dans le monde du travail… Pourtant comme le harcèlement moral et sexuel, comme la discrimination et le racisme ces maux sont à l'origine de nombreux troubles psychosociaux. Pour les limiter voire les éradiquer, rien de tel que la réalité virtuelle qui permet de se mettre à la place de ceux qui les subissent.
Jouer sur les émotions
Combattre les risques psychosociaux en s'appuyant sur les émotions, c'est ce que fait la start-up de formation Reverto, Grâce à la réalité virtuelle, l'apprenant devient le personnage d'un récit dans lequel il est confronté à une forme précise de discrimination. « Nous sommes convaincus que pour comprendre ce que c'est, il faut la vivre. Avec la réalité virtuelle, on se met la place de ceux qui l'affrontent», explique Guilllaume Clere, fondateur et président de Reverto. Cela suscite l'empathie vis-à-vis de ceux qui souffrent de ces maux de façon épisodique ou régulière.
« Debriefing »
Les récits dans lesquels sont embarqués les apprenants durent 15 minutes et suscitent des réactions de colère, de crainte… L'apprenant est un peu malmené mais ces émotions qui stimulent l'ancrage mémoriel lui permettront de reconnaitre des situations similaires dans la vie réelle et d'y réagir qu'il en soit victime ou témoin. Ensuite, un « debriefing » est réalisé avec le groupe constitué de 6 à 12 personnes qui ont toutes été immergées dans le même récit. « La fiction proposée ainsi que les émotions ressenties ouvrent la parole », expose Guillaume Clere. Et le débat s'instaure.
Donner des clés
Le formateur est là pour rappeler ce que dit le droit mais aussi donner des clés permettant d'identifier les situations ou les propos discriminants et de réagir si l'on en est témoin. « En cas de violence sexiste, par exemple, il y a un auteur, une cible mais aussi des témoins Or, leur attitude est déterminante », rappelle Guillaume Clere. Dans les scénarios conçus par Reverto, les témoins ne font que regarder. Cela suscite chez l'apprenant un sentiment de révolte contre leur passivité et de frustration. « Notre objectif est d'éviter que les collaborateurs mettent les questions de discrimination sous le tapis, de les armer pour qu'ils sachent comment réagir et de permettre ainsi au collectif de vivre de façon saine », résume Guillaume Clere.
Mixer les groupes
Reverto préconise de constituer des groupes d'apprenants avec des femmes et des hommes, des cadres et des non cadres, etc. Cette mixité permet aux collaborateurs de comprendre qu'ils ne vivent pas tous la même chose au sein de l'entreprise et de prendre conscience des discriminations que certains y subissent.