Orianne Ledroit, déléguée générale d’Edtech France, copyright Camille Collin
L'Edtech poursuit sa croissance avec un chiffre d'affaires de 1,6 milliard d'euros en 2023
Dans un contexte économique et financier tendu, la filière de l'Edtech conforte sa place dans le monde de la formation et de l'éducation. Selon la dernière étude réalisée en partenariat avec Edtech France, son chiffre d'affaires atteint 1,6 milliard d'euros en 2023 porté par une croissance annuelle moyenne de 11% depuis 2021.
Par Catherine Trocquemé - Le 24 juillet 2024.
En quelques années, l'Edtech française s'est imposée comme une industrie à part entière. La troisième édition de l'étude* de la filière pour l'année 2023 confirme sa structuration et sa dynamique. Avec un chiffre d'affaires de 1,6 milliard d'euros, 540 start-ups en croissance et 15 000 employés, elle peut être considérée comme une chaîne de valeur stratégique de l'éducation et de la formation. La transformation digitale du secteur accélérée par la crise sanitaire, le développement rapide de nouvelles technologies comme l'IA génerative, les besoins en compétences des entreprises et la montée en puissance de la commande publique soutiennent sur la durée le développement de l'Edtech. Dans un contexte favorable, la filière fait toutefois face à de nombreux défis. L'étude, à vocation barométrique, offre une analyse de la structuration de ce marché en plein essor, de ses enjeux et de l'évolution de son offre.
Un écosystème en quête de reconnaissance
Les entreprises de l'Edtech ont bien résisté au durcissement de l'accès au financement et à une conjoncture économique plus incertaine. Malgré l'indéniable maturité de ce marché, les idées reçues ont la vie dure. « L'écosystème de l'Edtech reste encore peu reconnu et la filière n'est pas assez considérée comme une véritable industrie », regrette Orianne Ledroit, déléguée générale d'Edtech France depuis juin 2023. La jeune femme passée notamment par Bercy et OpenClassrooms en fera un de ses combats auprès des trois ministères concernés (Education nationale, Enseignement supérieur et Travail) pour faire entendre la voix de la filière. Véritables freins aux modèles de développement de ces start-ups technologiques, l'instabilité des règles des marchés publics, une réglementation complexe et une régulation en constante évolution fragilisent leur développement.
Une filière en cours de structuration
En 2023, le top 20 des entreprises de l'Edtech réalisent 58% du chiffre d'affaires contre 70% en 2021. A côté de ces leaders, un second groupe de start-ups très dynamiques émerge contribuant à la structuration de cette jeune filière. « On observe un plafond de verre pour les champions de l'Edtech française », précise Orianne Ledroit. La diversification de leur positionnement autour de trois segments - scolaire, enseignement supérieur et formation professionnelle -, déjà à l'œuvre il y a deux ans, s'accentue encore. En 2023, les deux tiers des start-ups interviennent sur au moins deux d'entre eux. Dans le champ de la formation professionnelle, l'offre de service reste dominée par la personnalisation de l'expérience d'apprentissage, suivie par l'évaluation des compétences et l'ingénierie éducative. Autre tendance du marché, « les prestations de conseil se développement de plus en plus », ajoute Orianne Ledroit.
La chute drastique des levées de fonds
En matière de financement, la conjoncture s'est brutalement retournée en 2023. Après le pic historique de 2021 à 21,6 milliards de $, les levées de fonds des entreprises de l'Edhec dans le monde atteignent aujourd'hui péniblement les 3,9 milliards de $. La France n'échappe pas à la crise. En 2023, les montants levés par les start-ups de la filière ont été 4 fois inférieurs qu'en 2021 et seules 7 transactions de plus de 2 millions d'euros ont été enregistrées pour un total de 77 millions d'euros contre 15 en 2021 pour une enveloppe de 410 millions d'euros. Un coup dur pour des entreprises déjà fragilisées par l'inflation. Ainsi, 33% d'entre elles remontent une hausse de leurs coûts. Face à cette contraction, ces dernières se tournent désormais en priorité à l'autofinancement, le recours aux prêts et aux subventions publiques.
En quête d'un modèle économique pérenne
C'est dans cet environnement que plus de la moitié start-ups cherchent à pérenniser leur modèle économique et financier et en font un de leurs principaux enjeux stratégiques. La filière doit donc travailler à gagner en visibilité auprès des décideurs publics et du grand public, initier des collaborations territoriales et jouer la carte de l'excellence technologique. Selon l'étude, 78% des edtechs développent tout ou partie de leur technologie en interne. « L'IA générative transforme en profondeur le monde de la formation. Nous sommes bien placés pour réfléchir à son impact sur les mécanismes d'apprentissage et les méthodologies pédagogiques », affirme Orianne Ledroit.
*réalisée par EY-Parthenon, la Banque des Territoires, Edtech France et l'Afinef
Les chiffres clés de l'Edtech française
Le poids de la filière : 1,6 milliards d'euros de chiffre d'affaires dont 66% dans la formation professionnelle 540 entreprises dont près de 60% se considèrent en phase de croissance 15 000 employés 58% du chiffre d'affaires réalisés par le top 20 des entreprises Les enjeux du modèle économique : 46% des entreprises sont positionnées sur plusieurs segments (scolaire, enseignement supérieur, formation professionnelle, développement des compétences en entreprise) 50% des entreprises déclarent des activités à l'international 50% des entreprises cherchent un modèle financier pérenne 70% des entreprises ont besoin de financement pour des tickets modérés (inférieur à 3 millions d'euros)
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