Micro-certifications, quels enjeux pour les organismes de formation ?
Le forum des acteurs de la formation digitale (FFFOD) organisait le 15 décembre un webinaire consacré aux micro-certifications. L'occasion de se demander si ce nouvel objet certifiant peut être une alternative aux certifications et habilitations enregistrées dans les répertoires de France compétences et d'envisager leurs bénéfices pour les apprenants et les organismes de formation eux-mêmes.
Par Raphaëlle Pienne - Le 22 décembre 2022.
Les micro-certifications sont en passe de devenir incontournables. Le Conseil de l'Union européenne a en effet adopté en juin 2022 une recommandation sur « une approche européenne des micro- certifications pour l'apprentissage tout au long de la vie et l'employabilité ». Celle-ci en donne une définition, soit un « relevé des acquis d'apprentissage obtenus par un apprenant à la suite d'un petit volume d'apprentissage » et encourage les États membres à adopter des « politiques susceptibles de favoriser leur conception, leur délivrance et leur utilisation effectives ».
Les micro-certifications sont de « vraies » certifications
Dans ce contexte, les organismes de formation ont-ils intérêt à s'emparer de ce nouvel objet certifiant ? Les intervenants du webinaire du FFFOD en sont convaincus. Selon eux, il serait une erreur de considérer ces micro-certifications comme des certifications au rabais. « Nous avons une vision très franco-française de la certification, qui est complètement biaisée par le RNCP [répertoire national des certifications professionnelles] et finalement encore plus par l'éligibilité au CPF. […] Mais derrière il y a une notion plus large de la valeur de la certification, une définition mondiale en l'occurrence », explique Jérôme Bruet, directeur général de la solution Procertif. Cette définition repose selon lui sur trois critères : un bloc de compétences correspondant à des compétences opérationnelles identifiées, un protocole d'évaluation, et le caractère inaltérable de la preuve.
Valoriser des compétences complémentaires utiles aux apprenants
Les micro-certifications ne s'opposent en outre pas aux certifications « traditionnelles ». Le cas de L'Industreet, organisme de formation qui délivre dans le cadre de ses parcours des micro-certifications avec la solution BC Diploma, en est une illustration. « Nous souhaitions reconnaître l'acquisition des compétences de nos jeunes pendant tout ce temps de formation, pas seulement sur de la certification [de type] CQP, titre, pro ou diplôme, [pour] pouvoir mettre en avant l'acquisition de compétences comportementales (présence, assiduité…), mais aussi apporter des éléments complémentaires sur certains métiers […]. On peut très bien délivrer différentes micro-certifications, [sur] des temps de formation de 2-3 jours, qui correspondent à un besoin du métier [qui n'est] pas systématiquement au sein du RNCP », expose André Dondeyne, directeur des formations de L'Industreet.
Faire connaître son offre de formation
Pour Mathilde Istin, directrice générale adjointe de l'organisme de formation ISTF, la création d'une micro-certification peut aussi être un préalable à la création d'une certification. « C'est du vécu : cela permet vraiment de ‘switcher' vers l'ingénierie de certification et donc d'améliorer finalement la qualité de vos formations, de vos actions, de votre image et de vos projets de certification in fine », décrit-elle. Cerise sur le gâteau : les micro-certifications sont conçues pour être partagées, notamment sur les réseaux sociaux, et contribuent à la visibilité des formations. « Pour notre organisme de formation, c'est un fort enjeu marketing », complète-t-elle.