150 projets retenus dans le cadre du Pic (Jean-Marie Marx, haut- commissaire)

Le plan d'investissement dans les compétences (Pic) doté d'une enveloppe de 15 milliards d'euros tient son rythme de croisière et porte un premier bilan. Dans son bureau de la rue de Grenelle, Jean-Marie Marx, haut-commissaire aux compétences et à l'inclusion par l'emploi, se félicite de la dynamique créée par le Pic. «  Nous avons lancé tous les appels à projets que nous avions prévus. Les candidats, regroupés le plus souvent en consortium, ont été très nombreux. Environ 150 projets ont été retenus ».

Une trentaine d'entre eux répondent aux enjeux stratégiques de prospective des compétences réalisée par les observatoires de branche. Seul ce travail documenté sur l'identification et l'anticipation des besoins des entreprises permettra de construire un plan d'actions adapté. Dans l'industrie, les branches de la métallurgie, de la plasturgie, du bois ou encore de l'agro-alimentaire se sont ainsi rapprochées pour élaborer des solutions de sourcing ^{[ 1 ]}Ici procédé de sélection de candidats et de formation au métier en forte tension de conducteur de ligne de production. Cette approche par filière permet de  mutualiser  les efforts et les ressources entre des secteurs qui partagent la même problématique. Autre levier d'innovation pour enrichir la production des observatoires, le digital. L'extraction et l'analyse des data permettront, en effet, d'adapter les fiches métiers en continu et de détecter des signaux faibles sur l'évolution des compétences attendues par les entreprises.

Évolution de la commande publique

« Les branches ont un véritable travail à faire autour de leurs observatoires.  Il faut qu'elles renforcent leur cohérence et qu'elles mettent en commun leurs outils », note Jean-Marie Marx. Les opérateurs de compétences restructurés ont leur rôle à jouer pour encourager ces nouvelles approches mutualisées. Sur les trois autres appels à projets – 100% inclusion, intégration des réfugiés et prépa- apprentissage – les candidats retenus ont su développer de solides partenariats, des parcours pédagogiques modularisés et individualisés.

Portée par le Pic, l'exigence d'innovation à la fois dans l'approche et dans l'ingénierie de formation se décline aussi dans son volet régional. « Il nous faut changer la commande publique pour la rendre plus agile et réactive. Il s'agit notamment lutter contre les taux de rupture et concevoir des parcours sans couture. Il y a beaucoup d'initiatives et d'attentes du côté des Régions », déclare Jean-Marie Marx.  La négociation des pactes, on s'en souvient, mobilisa l'équipe du haut-commissariat. Aujourd'hui, 18 ont été signés avec les Régions et 2 avec Pôle emploi en l'absence d'un accord avec Auvergne-Rhône Alpes et Provence-Alpes-Côte d'Azur.

Diffusion de l'innovation

Fort de ses premières expériences, le Pic cherche aujourd'hui à capitaliser les bonnes pratiques et animer un nouvel écosystème. « Nous avons créé des “ labs " au cours desquels les porteurs de projets se rencontrent et travaillent ensemble sur les enjeux et les freins qu'ils rencontrent. Ce travail de capitalisation est essentiel si l'on veut essaimer les pratiques innovantes », selon Jean-Marie Marx.

Une plateforme collaborative est attendue d'ici la fin de l'année. Elle informera sur l'actualité du Pic et fera vivre des communautés. Les programmes du Pic sont pluriannuels et laissent donc du temps pour engager une véritable transformation. Mais attention prévient-il, le haut-commissariat aux compétences et à l'inclusion par l'emploi ne signe pas de chèque en blanc. « L'État aussi se transforme, change de méthode. Avec le Pic et les appels à projets, nous faisons confiance aux acteurs du terrain et nous les accompagnons. Les engagements sont pris en commun, nous les suivons de près. Nous organisons régulièrement des comités de pilotage. »