Apprentissage : les Chambres des métiers demandent davantage à l'Éducation nationale
L'apprentissage deviendrait-il tendance ? « Je remarque que de nombreux candidats, indépendamment de leur couleur politique, ont inscrit dans leurs programmes leur volonté de lever les freins à l'apprentissage » observait Gérard Larcher, président du Sénat, à l'occasion des 17e rencontres sénatoriales de l'Apprentissage organisées le 13 avril au Palais du Luxembourg.
Par Benjamin d'Alguerre - Le 18 avril 2017.
N'empêche. Si la promotion de l'apprentissage figure en bonne place dans plusieurs professions de foi (François Fillon, Marine Le Pen, Jean Lassalle, Nicolas Dupont-Aignan…), les artisans, eux, ne constatent pas le même engouement au quotidien. Bien que les Chambres de métiers accueillent chaque année près de 100 000 apprentis au sein de leurs 112 centres de formation, elles persistent à déplorer les freins qui empêchent un réel développement de l'apprentissage. « On parle beaucoup d'apprentissage depuis quelques années, mais les actes tardent à suivre » regrette Bernard Stalter, le président de l'Assemblée permanente des chambres de métiers de l'artisanat (APCMA).
En cause, notamment, l'absence d'efforts de l'Éducation nationale pour orienter les scolaires vers l'apprentissage en fin de collège. « Notre société n'a d'yeux que pour le chiffre placé après le bac » déplore Jean-Claude Carle, sénateur LR de Haute-Savoie, « le système éducatif s'est calqué sur ce modèle culturel. Tant que les principaux de collège ne seront évalués que sur le taux de passages en seconde, nous aurons des difficultés à progresser ».
CIO et compétence régionale
Les efforts parlementaires n'ont pas manqué. La loi Wauquiez de 2009-, prévoyait qu'une personnalité issue de l'entreprise puisse présider le conseil d'administration d'un lycée professionnel. Lors du débat sur la loi Travail, plusieurs amendements sénatoriaux proposaient de simplifier les règles d'embauche d'un apprenti (assouplissement des dispositions relatives au travail de nuit, au contact avec les machines ou au travail en grande hauteur.) Tous retoqués ensuite par l'Assemblée nationale.
« Pourtant, il faudra bien persuader l'Éducation nationale qu'elle doit prendre part à la promotion de l'apprentissage » plaide Bernard Stalter. Les élus du Palais du Luxembourg, pour leur part, imaginent des pistes de réflexion, comme intégrer l'obligation pour un élève-professeur en Espe [ 1 ]École supérieure du professorat et de l'éducation de passer une quinzaine de jours en entreprise pour tâter le terrain ou renforcer la présence des artisans et patrons de PME dans les conseils d'administration des établissements scolaires.
Mais le nerf de la guerre reste l'orientation scolaire. La loi NOTRe (Nouvelle organisation du territoire de la République) du 7 août 2015 confie ainsi des responsabilités étendues aux régions en termes de pilotage des services d'orientation et de formation. Pour les promoteurs de l'apprentissage, c'est un espoir : « à terme, il faudra bien que les CIO [footnote]Centres d'information et d'orientation]) relèvent de la compétence régionale » annonce Catherine Morin-Dessailly, sénatrice centriste de Seine-Maritime. L'idée n'est pas neuve. Mais pour l'instant, les CIO s'y sont toujours déclarés opposés.
Notes
1. | ↑ | École supérieure du professorat et de l'éducation |