Comment adapter la formation aux difficultés des publics les moins qualifiés
Le Conseil national d'évaluations de la formation professionnelle (CNEFP) a publié sur son site internet le 3 novembre une étude sur l'évaluation des pratiques d'ingénierie de formation en entreprise et leurs effets sur les salariés les moins qualifiés. Cette catégorie regroupe près de 5,5 millions d'actifs qui, selon l'enquête, bénéficient d'un accès moindre à la formation que les salariés d'un niveau hiérarchique supérieur. Un écart qui se creuse moins l'entreprise compte d'employés.
Par Cédric Morin - Le 08 novembre 2016.
Ainsi 37 % des ouvriers et 39 % des employés les moins qualifiés ont accès à la formation professionnelle, contre 62 % des techniciens et 57 % des cadres. Plusieurs facteurs expliquent ces freins dans l'accès à la formation des catégories les moins qualifiées. En premier lieu une plus grande difficulté à identifier les besoins, mais aussi une offre souvent jugée inadaptée. De surcroît, les entreprises ayant le moins recours à la formation, sont celles qui embauchent proportionnellement plus d'ouvriers ou d'employés.
Favoriser les formations avec plusieurs objectifs
Le rapport souligne que les formations proposées aux salariés les moins qualifiés sont de différentes natures (adaptation au poste de travail, cursus certifiant ou obligatoire…). Celles qui fonctionnent le mieux - et qu'il faut à ce titre les développer- sont celles qui combinent plusieurs objectifs. Par exemple celles qui cumulent une logique de validation des acquis de l'expérience avec l'acquisition de nouvelles compétences. Autre impératif, ces cursus doivent prendre en compte les difficultés de ces publics sur le plan pédagogique. Il s'agit par exemple de favoriser les témoignages de salariés, les références à l'expérience plutôt que les modèles théoriques.
Autre constat, le recours à la formation est rarement le fait des salariés les moins qualifiés, il faut donc inciter les employeurs à se mobiliser sur ces questions. L'une des pistes peut être de faciliter le contact entre les managers de proximité et des experts de la formation (Opca, cabinet de consultants...), mais aussi reconnaître et valoriser l'investissement dans l'ingénierie pédagogique propre à ces publics. L'une des solutions serait d'encourager les actions d'animation territoriale de développement des compétences ou encore d'initier des appels à projets d'accompagnement des mutations économiques et technologiques.
Le rapport propose aussi d'adapter les outils d'évaluation. Cette dernière est trop souvent réalisée « à chaud » et ne porte que très rarement «sur le lien entre ingénierie déployée et les effets qui peuvent y être rattachés, d'autant que les formations sont rarement pilotées en mode projet» met en exergue l'étude. « Il apparaît nécessaire de multiplier les « ponts », et ce entre les entreprises et les acteurs externes, entre les publics cibles au sein des dispositifs, entre les logiques de développement de l'emploi et de l'activité et les logiques individuelles de parcours... »