Geoffroy Roux de Bézieux lors du bilan de la Loi avenir professionnel le 4 novembre 2019.©Medef
Geoffroy Roux de Bézieux (Medef) trouve la co-construction de la formation compliquée « avec un CPF entièrement à la main des salariés »
Lundi 4 novembre 2019, au siège du Medef, Muriel Pénicaud a pu répondre aux interrogations résiduelles du patronat sur une réforme de la formation et de l'apprentissage globalement très bien acceptée.
Par Nicolas Deguerry - Le 06 novembre 2019.
Le remplacement du plan de formation par le plan de développement des compétences, la nouvelle définition de l'action de formation, la rénovation du CPF [ 1 ]Compte personnel de formation, l'implication des branches professionnelles dans la construction des certifications ou la réforme de l'apprentissage, tout cela convient au Medef, assure son président, Geoffroy Roux de Bézieux. En témoigne les résultats d'un sondage OpinionWay pour le Medef (« Loi#AvenirPro - Un an après, le post-test »), selon lequel 77 % des dirigeants interrogés ont une bonne opinion de la loi Avenir professionnel. Plus qu'honorable, l'indice de satisfaction est toutefois à tempérer par le grand nombre de dirigeants qui ne connaît pas encore la loi (69 %).
Vers l'investissement formation
Principal bémol exprimé ce jour par Geoffroy Roux de Bézieux devant la ministre du Travail : la fin des fonds mutualisés pour les entreprises de 50 à 250 salariés. Cela fait craindre au Medef que la participation des opérateurs de compétences ne suffise pas à compenser cette perte. Tout en affirmant que la mutualisation précédente bénéficiait davantage aux grandes entreprises, Muriel Pénicaud envisage de répondre par « la reconnaissance des dépenses de formation comme un investissement à amortir, au même titre que l'investissement matériel ».
Quelle co-construction ?
Reste « le sujet compliqué de la co-construction de la formation des compétences avec un CPF entièrement à la main des salariés, s'inquiète Geoffroy Roux de Bézieux, comment faire en sorte que les formations soient en lien avec les besoins présents et à venir de l'entreprise ? »
Tout en reconnaissant une dimension « contre-intuitive » au CPF élevé au rang de « livret A de la formation », Muriel Pénicaud soutient que « l'extrême mobilité » du marché du travail entraîne la nécessité de doter les individus d'un pouvoir d'action. Pouvoir qui s'exerce, rappelle-t-elle, « seulement sur les formations qualifiantes et certifiantes », et qui peut « évidemment être combiné avec l'entreprise, soit par négociation collective, soit par négociation individuelle ». La ministre le souligne, les abondements des entreprises ou des branches pourront être intégrés à l'appli CPF dès le mois de mars.
À quoi former ? Dès le 21 novembre, date de lancement de l'application CPF, ce sont 25 millions d'actifs qui pourront commencer à consulter l'offre de formation : « il n'y aura pas 100 % de l'offre mais une très grosse partie, avec les disponibilités, les dates, etc. », avertit-elle. Soulignant que le pacte productif piloté par Bruno Le Maire inclut un volet compétences transversal à toutes les filières, Muriel Pénicaud estime possible de réaliser des « hypothèses crédibles à 2 ou 5 ans pour orienter la formation continue et initiale ».
Bataille des compétences
Pour Muriel Pénicaud, « le cœur de la loi est la bataille des compétences, […] cruciale parce que l'accès au capital économique devient plus facile que l'accès au capital humain ». Dans un contexte de transition écologique et de révolution numérique, c'est la « valeur ajoutée créée par l'innovation et la compétence » qui est source de compétitivité. Évoquant un risque de décrochage des salariés, la ministre soutient que la formation continue n'est plus seulement la « très belle idée humaniste » de la loi de 1971, mais une « nécessité absolue ».
Notes
1. | ↑ | Compte personnel de formation |