Au pupitre Stefano Scarpetta (OCDE), de gauche à droite Jürgen Siebel (Cedefop), Montserrat Gomendio (OCDE) puis Antonio Ranieri (Cedefop)
« La recherche peut donner des indications précieuses » pour dessiner le futur de l'apprentissage en Europe (Jürgen Siebel, Cedefop)
La recherche peut-elle fournir des clefs de compréhension pour aider à dessiner l'apprentissage de demain ? C'est le pari fait par le Cedefop et l'OCDE qui ont conjointement organisé le symposium «The next steps for apprenticeship » le 7 octobre dernier.
Par Aurélie Gerlach - Le 18 octobre 2019.
Pour alimenter les échanges du symposium organisé par le Cedefop[ 1 ]Centre européen pour le développement de la formation professionnelle et l'OCDE [ 2 ]Organisation de coopération et de développement économiques, un appel à contributions a été lancé au printemps dernier. Il a permis de collecter une cinquantaine de travaux, dont une dizaine ont fait l'objet d'une présentation.
Un terrain peu exploré
« Nous avons souhaité examiner la question de l'avenir de l'apprentissage sous l'angle des tendances socio-économiques. Nous pensons que la recherche peut donner des indications précieuses sur les aspects à prendre en considération pour l'élaboration des programmes de réformes », déclare à Centre Inffo Jürgen Siebel, nouveau directeur exécutif du Cedefop (voir notre article) à l'occasion de l'événement.
« L'appel à contributions a remporté un grand succès », se réjouit Antonio Ranieri, responsable du département Apprentissage et Employabilité (Learning and Employability) du Cedefop. « C'est encourageant, étant donné la nouveauté de l'initiative : si l'avenir du travail est un thème qui a déjà beaucoup été débattu, le futur de l'apprentissage reste un terrain peu exploré », dit-il. Selon lui, « les travaux reçus confirment les grands bouleversements déjà identifiés qui impactent les systèmes d'apprentissage, des plus traditionnels aux plus modernes, et entraînent des besoins en innovation sont de plus en plus importants ».
Des questions sans réponses
« Le marché du travail évolue très rapidement », détaille Stefano Scarpetta, directeur de l'Emploi, du Travail et des Affaires sociales à l'OCDE. « Avec la révolution digitale, l'automatisation de nombreuses d'activités, la mondialisation ou encore le vieillissement de la population, les métiers, la demande de biens et service se transforment. Nous voulons comprendre comment l'apprentissage peut s'adapter et répondre à ces défis. » De nombreuses questions émergent : « La révolution digitale est en train de changer la demande de compétences mais aussi la formation elle-même », poursuit-il. Il met également en avant l'enjeu de la mauvaise image de l'apprentissage dans certains pays, dont la France. « Nous devons en comprendre les raisons tant du point de vue des familles et des jeunes, que des employeurs. »
Jürgen Siebel relaye les interrogations des décideurs. « Par exemple : l'apprentissage doit-il viser un ensemble réduit de compétences adaptées aux besoins des employeurs, ou doit-il viser plus que l'employabilité à court terme, permettant à l'apprenant d'acquérir des connaissances plus générales ? Dans le cadre de la formation initiale, relève-t-il du secondaire, ou doit-il être offert et généralisé aux plus hauts niveaux d'enseignement ? »
« Du point de vue de l'OCDE, dont le rôle principal est de conseiller les gouvernements, une des questions qui nous est souvent posée est la suivante : comment moderniser ces systèmes d'éducation et formation professionnelle pour en faire une vraie “ formation duale " », explique quant à elle Montserrat Gomendio, responsable du Centre pour les compétences de l'OCDE. « Nous cherchons à avoir une compréhension systémique de ce que nous avons déjà constaté, à savoir que les systèmes varient considérablement d'un pays à l'autre. Quels sont les modèles qui fonctionnent dans différents contextes ? Quels sont les modèles les plus appropriés à chaque contexte ? », se demande-t-elle.
Les prochaines étapes
Selon Antonio Ranieri, « les pays germanophones ont largement répondu à l'appel, ce qui était attendu. Nous avons aussi reçu des travaux des États-Unis, du Canada et d'Australie. » La France, pour sa part, n'a remis aucune contribution, « notamment en raison du processus de réforme en cours », pointe Stefano Scarpetta. Le Cedefop et L'OCDE espèrent sa prochaine participation aux débats. « La France est une économie majeure, qui a une longue tradition d'apprentissage et qui a aussi une approche intéressante en matière de régulation », fait valoir Jürgen Siebel.
Il est prévu que les différentes contributions soient prochainement publiées sur le site du Cedefop. « Nous envisageons également une publication conjointe, qui pourrait comprendre des travaux additionnels », précise Antonio Ranieri. De son côté, Stefano Scarpetta n'exclut pas la tenue, à l'avenir, d'un prochain symposium : « Nous devons à présent réfléchir aux prochaines étapes. Nous avons mis beaucoup de questions sur la table, formulé de nombreuses pistes, mais le processus de réflexion doit continuer, d'autant que le contexte continue d'évoluer. »
Photo : Au pupitre Stefano Scarpetta (OCDE); de gauche à droite Jürgen Siebel (Cedefop), Montserrat Gomendio (OCDE) puis Antonio Ranieri (Cedefop)
Notes
1. | ↑ | Centre européen pour le développement de la formation professionnelle |
2. | ↑ | Organisation de coopération et de développement économiques |