Le Pacte de Mayotte vise une meilleure adéquation entre offre de formation et besoins des entreprises
Le pacte ultramarin d'investissement dans les compétences du département de Mayotte a été signé le 23 avril. Il vise à répondre aux difficultés d'accès à la formation et à l'emploi liées à l'illettrisme et à davantage répondre aux besoins en compétences des entreprises.
Par Bénédicte Weiss - Le 03 mai 2019.
Près d'un mois après la collectivité territoriale de Guyane et quelques jours après le Conseil régional de la Réunion, le Conseil départemental de Mayotte a signé le 23 avril 2019 avec l'État son pacte ultramarin d'investissement dans les compétences, en présence de la ministre des Outre-mer Annick Girardin et du haut-commissaire aux compétences et à l'inclusion par l'emploi Jean-Marie Marx. Un engagement financier de 69,3 millions d'euros pour la période 2019-2022, dont 21,3 millions pris en charge par l'État et 46,9 millions par la collectivité.
Illettrisme et illectronisme
Cela pour répondre au fort taux d'illettrisme que connaît Mayotte. « 58 % des habitants en âge de travailler ne maîtrisent pas les compétences de base à l'écrit en langue française », note le document. Le français est la langue maternelle d'un Mahorais sur dix seulement. Parmi les actions envisagées pour y répondre ainsi qu'à l'illectronisme : le renforcement des accompagnements professionnels et le développement de pré-qualifications sous forme de « sas ». Une plateforme numérique de formation distancielle est aussi prévue.
Selon le dernier recensement de 2017, Mayotte compte officiellement, 256 500 habitants. Elle connaît une forte croissance démographique liée, entre autres, à l'immigration depuis les Comores voisines. Avec un âge médian de 17 ans et demi, c'est le plus jeune département de France. Mais aussi, avec 35 % au deuxième trimestre 2018, ce département compte le plus fort taux de chômage. Parmi les freins relevés pour la formation et l'insertion professionnelles il y a la mobilité, du fait d'une faible desserte du territoire par les transports publics.
Mieux connaître les besoins
Un « manque de visibilité au niveau de la commande publique annuelle couplé à une insuffisance de continuité des actions de formation », ainsi qu'« une insuffisance de connaissance précise des besoins en compétences des entreprises » sont par ailleurs constatés. L'offre de formation apparaît concentrée sur la zone de la préfecture, Mamoudzou. Un diagnostic partagé, dressé à l'automne 2018 et réunissant notamment les acteurs de la formation, les partenaires sociaux et différentes collectivités, vise à « poser les jalons d'une refonte de l'approche de la formation professionnelle ».
La montée en compétences des organismes de formation est prévue par le Pacte « afin qu'ils puissent être en mesure d'intégrer des modalités et des formats pédagogiques innovants et performants ». À l'ordre du jour également, un plan de financement pour les équiper en outils digitaux et la création de tiers-lieux pour les publics non équipés d'ordinateurs ou de smartphones. La mise en place d'un outil centralisant les données du territoire en matière d'emploi et de formation est enfin prévue pour pouvoir « orienter les appels à projets sur des actions prioritaires ».
En tout, la création de 10 000 parcours de formation est prévue à Mayotte pour la période 2019-2022. Des places doivent notamment être ouvertes dans les secteurs des services à la personne, de la sécurité, du BTP, du transport et de la maintenance, du tourisme et des services aux entreprises.