« Les Chantiers de France et WorldSkills doivent être de  véritables tremplins » (Michel Guisembert)

Le Quotidien de la formation : Pourquoi Les Chantiers de France ?

Michel Guisembert : Les Chantier de France ^{[ 1 ]}Ils regroupent les CFA et les lycées professionnels formant aux métiers nécessaires à la reconstruction de cathédrale et du patrimoine partout sur le territoire. veulent  saisir l'occasion du drame de Notre-Dame pour mettre en lumière les besoins énormes que nous avons dans notre pays pour les métiers et les compétences professionnelles. En France, nous avons toutes les compétences requises pour reconstruire.  Il n'empêche qu'il y a un manque évident de jeunes. Ils ne connaissent pas ces métiers  ou ne sont pas encouragés à les faire. À terme, nous risquons d'avoir une rupture dans la transmission des compétences.

QDF : Comment cela se traduira-t-il concrètement ?

M.G : Il est trop tôt pour le dire. Je pars  d'une page blanche avec beaucoup de paramètres et d'inconnues puisque les expertises ne sont pas terminées. Avec Muriel Pénicaud, nous avons donc validé des principes, plutôt que des actions. Ces métiers se pratiquent trop souvent dans des entreprises sur les chantiers fermés pour cause de sécurité. Là nous avons la possibilité de les révéler, puisque le chantier sera partiellement ouvert au grand public.

L'idée est d'y mettre des jeunes, au travers des entreprises. Ils seront en situation réelle de travail, en apprentissage ou en perfectionnement. Grâce à des commentaires sur site pour explique ces métiers, les visiteurs pourront se rendre compte par eux-mêmes de leur existence, de leur pertinence et de leur nécessité.  Ce chantier est un tremplin pour les métiers du patrimoine, un secteur d'activité en souffrance, mais nous voulons surtout mettre l'accent sur la transmission des compétences.

Une fois les expertises menées à bien, ce qui prendra quelques mois, au fur et à mesure que les besoins seront exprimés, nous préciserons, avec les professionnels impliqués dans Chantiers de France, l'Éducation nationale, les Compagnons du devoir, ce que nous avons envie de faire. Sans écarter qui que ce soit, de manière à ce que, progressivement, on rentre sans  une démarche transversale.

QDF : Qu'entendez-vous par démarche transversale ?

M.G : Aujourd'hui dans le domaine de la formation professionnelle, il y a une forme de concurrence entre les différents systèmes de formation. Entre l'alternance et la formation académique dans les lycées, entre les organismes de formation. Mais là on dépasse tout cela. Nous devons réussir ensemble quelque chose qui sera bien pour notre pays et qui servira l'ensemble des acteurs. Il en va de même avec  les Olympiades des métiers  ^{[ 2 ]}Michel Guisembert  est par ailleurs président de Worldskills France,  qui prépare, relaye et coordonne les Worldskills, ou Olympiades des métiers. Cette compétition permet, tous les deux ans, à quelque 1 300 jeunes de moins de 23 ans venant de 80 pays de se mesurer dans des épreuves de travail manuel. et la candidature de la France pour les organiser à Lyon en 2023. Ce n'est pas le même support, mais c'est le même objet.

Dans l'un et l'autre cas, nous avons la possibilité de mettre en avant les besoins colossaux et les formidables  compétences professionnelles que nous avons en France. Nous pouvons faire tomber les barrières de manière à réussir ensemble quelque chose de pérenne pour la jeunesse, les métiers, la transmission, la performance des entreprises, et pour notre pays France. En faisant cela, nous voulons éviter la rupture dans la transition des compétences et avoir un véritable tremplin. Cela ne peut pas s'arrêter après la reconstruction de la cathédrale ou si nous décrochons l'organisation des Worldskills 2023. C'est une véritable dynamique qui sera insufflée.