Jean-Pierre Letartre_CEO EY France, Luxembourg et Maghreb.©Virginie de Galzain
« Nous devons contribuer à la transformation des talents, de tous nos collaborateurs, avec ou sans handicap » (Jean-Pierre Letartre, président de EY France)
Sophie Cluzel, secrétaire d'État en charge des personnes handicapées, a signé le 11 juillet dernier une lettre de mission à Jean-Pierre Letartre, président du cabinet d'audit et de conseil EY France et Christian Sanchez, conseiller social de LVMH. Le but ? Rassembler une centaine d'entreprises en faveur de l'insertion et du maintien dans l'emploi de ce public.
Par Sophie Massieu - Le 22 juillet 2019.
Le Quotidien de la formation : Pourquoi vous impliquer, chez EY, sur un sujet comme celui-ci ?
Jean-Pierre Letartre : Parce que la politique du handicap figure au cœur de notre stratégie de transformation de l'entreprise. Dans un monde aussi divers que le nôtre, une entreprise qui ne s'ouvre pas à toutes les différences va dans le mur.
QDF : Dès lors, quels sont les principaux leviers d'une politique du handicap efficace ?
J-P L : Un élargissement du sourcing pour favoriser des recrutements diversifiés. Mais aussi une sensibilisation des collaborateurs, pour leur ouvrir des horizons. En somme, nous devons contribuer à la transformation des talents, de tous nos collaborateurs, avec ou sans handicap. Voilà ce qui favorisera une meilleure inclusion. L'inclusion nécessite de l'accompagnement, du temps, et des formations. D'autant que nous rencontrons souvent des lacunes, pour les personnes handicapées, en matière de formation initiale.
QDF : Concrètement, comment allez-vous amener les entreprises à s'engager sur ces sujets ?
J-P L : Une charte est en cours de rédaction. À la rentrée, notre rôle sera d'identifier une centaine d'entreprises qui la signeront. Plusieurs ont déjà été repérées. À coup sûr, le développement de l'apprentissage figurera en bonne place dans ce texte. Mais au-delà, ce document devra promouvoir l'ensemble de la chaîne d'une insertion réussie : la formation, le recrutement, l'intégration, l'employabilité… Chez EY, nous travaillons avec le secteur adapté de travail, davantage sur des questions d'achats responsables que pour, par exemple, recruter des consultants.
QDF : On peut avoir le sentiment que cette opération consiste surtout à communiquer…
J-P L : Et c'est important. Notamment, aussi, pour lutter contre l'autocensure des personnes handicapées. Nous devons faire savoir que nous cherchons des candidats en situation de handicap, pour les inciter à nous envoyer leur CV. Aujourd'hui, nombre d'entre elles se privent de ces opportunités et de notre côté, nous peinons à trouver les ressources convoitées. Et la communication devrait aussi permettre aux personnes qui, notamment porteuses de handicaps invisibles, n'osent pas se déclarer comme telles, de se faire connaître.