« Nous devons proposer une orientation à 360 degrés » (Sophie Bosset-Montoux, CIDJ)
À l'occasion de ses 50 ans, fêtés ce 25 juin, la directrice générale du Centre d'information et de documentation pour la jeunesse (CIDJ) souligne que désormais, la question de l'orientation vers un métier pourvoyeur d'emplois est la priorité des jeunes qui viennent les consulter.
Par Sophie Massieu - Le 25 juin 2019.
Le Quotidien de la formation : Le CIDJ a été créé en 1969. Et ça n'est pas un hasard… ?
Sophie Bosset-Montoux : En effet, cela faisait suite au soulèvement de la jeunesse [ 1 ]Mai 68. Période entre mai et juin 1968 pendant laquelle se sont déroulés d'abord des manifestations d'étudiants puis des mouvements de grève. Le constat avait été fait qu'il n'y avait à l'époque aucun politique de la jeunesse. Alors, on a créé un ministère dédié, et le CIDJ… Il devait répondre à tous les jeunes, quels qu'ils soient, étudiants ou non, salariés, demandeurs d'emploi même si à l'époque on en comptait peu…
QDF : Et aucune limite d'âge n'avait été fixée ?
S. B-M : Non, mais à ce moment-là, un jeune avait de 18 à 22-23 ans. Aujourd'hui, les premiers jeunes que nous accueillons ont 12-13 ans, et les plus âgés une trentaine d'années.
QDF : Comment expliquer un tel élargissement du spectre ?
S. B-M : D'un côté, l'orientation et l'information sont devenues des préoccupations majeures au sein des familles. Est apparue la peur de se tromper et l'orientation est désormais perçue comme une stratégie. À l'autre bout du spectre, les jeunes se posent plus de questions qu'avant, ils ont subi des erreurs d'orientation, se réorientent, font une année de césure ou de service civique… Fini le temps où l'on envisageait la vie avec un emploi et une carrière uniques.
QDF : Outre l'âge, avez-vous noté d'autres changements parmi vos visiteurs ?
S. B-M : De plus en plus de jeunes peu qualifiés viennent nous voir. Après des années de galère, de petits boulots, ils aspirent à se poser et trouver une orientation qui leur ressemble. Résultat : nos conseillers sont souvent confrontés à des situations complexes, de jeunes qui cumulent les difficultés.
QDF : L'information demandée, et délivrée, a donc dû évoluer en conséquence…
S. B-M : En effet. Auparavant, nos publics venaient pour des informations pratiques, autour du logement, des jobs d'été… Aujourd'hui, ils nous consultent pour des questions d'orientation et de métiers. Ils cherchent un métier qui permette de trouver un emploi. On ne peut plus parler d'un métier, d'une formation, sans évoquer la manière dont on l'atteint. On doit aussi leur présenter parfois des métiers de niche, mais qui proposent des emplois… Donc les métiers et les formations sont notre point d'entrée. Mais ensuite, et c'est là que nous allons mettre l'accent dans les années à venir, nous devons proposer une orientation à 360 degrés, qui intègre toutes les dimensions de l'accompagnement professionnel. Aujourd'hui, l'information métier seule n'est plus une valeur ajoutée. On trouve de l'information partout, sur Internet. Donc nous avons mis l'accent sur la qualité de l'information que nous délivrons.
QDF : Quels sont vos outils pour la garantir ?
S. B-M : Grâce à nos journalistes et documentalistes qui travaillent sur plus de 400 sites Internet mais aussi avec le monde universitaire ou professionnel. Avec un seul objectif : mettre à jour nos données en continu. L'orientation est hélas devenue un marché. Nous, nous délivrons une information neutre. Ce qui nous distingue est de ne pas non plus proposer d'entrer dans un dispositif. Et compte tenu des retours qu'ils nous font, nous savons que c'est important pour les jeunes. La preuve : l'an dernier, notre réseau est le seul à avoir vu augmenter son taux de fréquentation.
Notes
1. | ↑ | Mai 68. Période entre mai et juin 1968 pendant laquelle se sont déroulés d'abord des manifestations d'étudiants puis des mouvements de grève |