Solity : bientôt un outil européen pour mesurer l'utilité sociale de la formation professionnelle
L'Agence nationale pour la formation des adultes (Afpa) travaille avec des partenaires belges, allemands et italiens sur un outil commun permettant d'évaluer l'impact social des organismes de formation.
Par Mariette Kammerer - Le 13 septembre 2019.
Le projet Solity, appelé par l'Union européenne dans le cadre d'Erasmus +, vise à créer un outil informatique permettant aux organismes de formation d'évaluer et d'améliorer leur utilité sociale, c'est-à-dire « leur capacité à répondre aux besoins des entreprises et des particuliers, en lien avec les mutations sociales et sociétales ».
L'Afpa, en charge de l'ingénierie, organisait le 12 septembre un séminaire avec des partenaires institutionnels - Pôle emploi, Opcalia, organismes de formation - pour leur présenter l'outil et les indicateurs retenus, avant sa mise en ligne à la fin du mois.
Information publique
« Il sera gratuit et accessible à tous les organismes de formation professionnelle, qui pourront, sur la base du volontariat, renseigner les indicateurs et ainsi connaître leur degré d'utilité sociale, explique le responsable du projet à la direction Ingénierie de l'Afpa. Ils pourront identifier leurs points forts, leurs axes de progrès, et se comparer à d'autres ». Cette information sera publique et à disposition des prescripteurs de formation, des entreprises, et des particuliers pour les aiguiller dans leurs choix. À terme, si l'outil fonctionne, l'Union européenne pourrait créer un système d'incitation, un Label d'utilité sociale des OF.
Cinq axes d'évaluation
Le modèle Solity définit 5 axes d'évaluation. Le premier touche à l'insertion professionnelle et la lutte contre le chômage. Avec des indicateurs comme le taux d'insertion dans l'emploi à trois mois, le nombre de formations à des métiers en tension; le temps consacré à l'accompagnement et au conseil, la part de stagiaires demandeurs d'emploi. Le deuxième axe porte sur le développement humain, en renseignant la part d'actions d'alphabétisation, de maintien des compétences, de validation des acquis de l'expérience, de remises à niveau, de formations courtes et de formations au numérique.
La lutte contre l'exclusion et les inégalités est le troisième axe. Il est évalué par le nombre de jeunes déscolarisés et sans diplômes, de femmes, de seniors, de stagiaires en situation de handicap, et le nombre de cours adaptés aux migrants. Le quatrième axe concerne la contribution au développement territorial et régional. Et enfin, le dernier porte sur les pratiques RH internes à l'organisme de formation, comme la part de CDI, le taux d'absentéisme, de travailleurs handicapés, l'accès des salariés à la formation, et le turn-over. Les partenaires présents ont suggéré l'ajout d'indicateurs sur l'accessibilité financière et géographique des formations.
« Un sondage en ligne doit permettre aux partenaires de pondérer ces indicateurs afin de leur donner plus ou moins de poids dans le modèle final d'évaluation », ajoute le responsable. Un atelier international aura lieu le 26 septembre en Allemagne avant le lancement de l'outil. Puis il sera testé par deux centres de formation par pays, avant d'être diffusé plus largement.