Apprentissage : la Fnadir affiche sa vigilance malgré une rentrée 2020 réussie
La bonne tenue des effectifs d'apprentis en cette rentrée 2020 constitue un soulagement pour les directeurs de CFA. Mais leur fédération s'inquiète des lourdeurs administratives auxquelles font face les établissements et pointe les risques qui continuent de peser sur l'apprentissage.
Par Estelle Durand - Le 03 décembre 2020.
Avec 350 000 contrats signés à ce stade, selon le ministère du Travail, la rentrée de l'apprentissage 2020 se déroule mieux que prévu. De quoi rassurer les adhérents de la Fédération nationale des directeurs de centres de formation d'apprentis, la Fnadir, qui tient son congrès annuel depuis le 1er décembre et jusqu'au 3 décembre. Les aides exceptionnelles à l'embauche en vigueur jusqu'au 28 février 2021 portent leurs fruits. Mais la crise va avoir des effets durables ce qui laisse planer un risque sur la prochaine rentrée, selon la Fnadir.
Sécuriser la rentrée 2021
D'où sa proposition de maintenir ces aides aux employeurs à la prochaine rentrée ou du moins de prévoir « un atterrissage en douceur afin qu'il ne se produise pas en 2021, ce que l'on craignait pour la rentrée 2020 », précise Raphaël Arbina, vice-président de la Fnadir. La fédération s'inquiète par ailleurs du sort des 26 000 à 28 000 jeunes entrés en formation sans contrat qui disposent d'un délai de six mois pour trouver un employeur. « Compte tenu du contexte sanitaire, il serait de bon aloi de leur permettre de rester six mois de plus en formation pour couvrir l'année scolaire et maximiser les chances de trouver un employeur », suggère Raphaël Arbina.
Retards de paiement
Aux bons chiffres de la rentrée s'ajoute un autre point de satisfaction pour la Fnadir : le maintien à la rentrée 2021 des niveaux de prise en charge actuellement en vigueur, une décision annoncée par le gouvernement le 24 novembre. Pour autant, d'autres menaces pèsent sur la situation financière des CFA. Jean-Philippe Audrain, trésorier de la Fnadir, évoque par exemple des retards de paiement de la part des opérateurs de compétences qui s'expliqueraient par le fait que ces derniers tardent à fournir les accords de prise en charge. Une situation qui « met la trésorerie des CFA sous tension », alerte le trésorier de la fédération.
Interrogations sur la comptabilité analytique
Autre sujet de vigilance : la comptabilité analytique que devront tenir les CFA et transmettre au régulateur à partir du prochain exercice comptable. Ce sujet fait l'objet d'un groupe de travail en lien avec France compétences. Mais à ce stade, les CFA s'inquiètent de la charge que risque de représenter cette obligation sachant que la réforme a déjà occasionné un surcroit de tâches administratives au sein des établissements. La facturation en tant que telle représenterait, selon le trésorier de la Fnadir, une charge équivalent à 2 ou 3% du coût-contrat : « Cela pèse lourd dans la comptabilité d'un CFA. »
La fédération s'interroge par ailleurs sur la finalité de ces « reporting ». Pascal Picault, vice-président, ne remet pas à cause la nécessité d'avoir une vision fine des coûts, « mais il ne faudrait pas que ce soit un moyen de restreindre nos marges et de nous empêcher de grandir » alors même que l'environnement concurrentiel créé par la réforme oblige les CFA à dégager des bénéfices pour développer leur offre et innover.
Des statistiques en question
Les indicateurs sur les résultats des CFA (taux de réussite aux examens, taux d'insertion professionnelle, etc.) que prévoit de diffuser prochainement le ministère du Travail suscitent par ailleurs des réserves de la Fnadir. « De nombreux adhérents nous ont fait part de leur incompréhension par rapport aux chiffres qui seront publiés », indique Roselyne Hubert, présidente de la fédération. Des interrogations qui tiennent aussi, selon elle, « au manque de communication sur les méthodes statistiques utilisées et la publication projetée ». Sur ce sujet crucial pour l'image de l'apprentissage, la Fnadir recommande de prendre le temps nécessaire pour vérifier les données et accompagner les CFA.