Certifications professionnelles : les certificateurs structurent leur réseau de partenaires
Sous l'impulsion du régulateur, les modèles de partenariat entre propriétaires de certifications professionnelles et prestataires de formation se structurent. Retour d'expérience du Collège de Paris et de L'École de management de Grenoble, deux acteurs qui placent leur réseau de partenaires au coeur de leur stratégie de développement.
Par Catherine Trocquemé - Le 29 octobre 2020.
Le marché des certifications professionnelles est en cours de transformation. Devenues un des sésames à la mobilisation des fonds mutualisés et publics, elles conditionnent le modèle économique des prestataires de formation. Dans le même temps, une refonte des deux répertoires [ 1 ]Répertoire national des certifications professionnelles (RNCP) et répertoire spécifique (RS) pilotée par France compétences a durci les critères d'enregistrement. Cette double tension ouvre aujourd'hui la question des partenariats avec un certificateur.
Un nouveau cadre aux partenariats
Dominé par une logique patrimoniale, ce marché souffre d'un manque de lisibilité et de structuration. Sans avoir la main sur les relations entre des acteurs privés, le régulateur s'est saisi du sujet. France compétences a ainsi publié en février 2020 une note relative à la qualité des certificateurs pour accompagner la professionnalisation des réseaux. Lors d'une matinée d'actualité organisée par Centre Inffo, le 8 octobre dernier, deux certificateurs ont témoigné de l'évolution de leurs pratiques. Positionnés tous deux sur l'enseignement supérieur, l'École de management de Grenoble (GEM) dispose d'un portefeuille de 15 certifications et le Collège de Paris de 12 certifications.
Un levier de croissance pour les certificateurs
Les partenariats représentent un axe à part entière de leur stratégie de croissance. Pour le groupement d'écoles privées Collège de Paris, ils constituent même le cœur de son modèle économique depuis sa création en 2011. « Nous comptons aujourd'hui une cinquantaine de partenaires. Nos écoles enregistrent leurs certifications. Mais c'est au niveau du groupement que se gère le développement du réseau », précise Olivier de Lagarde, son président. L'approche choisie par le Collège de Paris privilégie la co-construction de nouveaux parcours répondant à des besoins spécifiques. C'est ainsi qu'est née avec Thierry Marx une offre de formation au management de restauration destinée aux chefs cuisiniers entrepreneurs.
Olivier de Lagarde, président du Collège de Paris, détaille la stratégie du groupe en matière de certifications professionnelles
Pour GEM, créée en 1984, l'ouverture aux partenariats en 2006 soutient une nouvelle étape de son développement. Le réseau participe au déploiement et à la notoriété de la marque sur le territoire. « Nous ouvrons progressivement toutes nos certifications. Nous comptons aujourd'hui une dizaine de partenaires », déclare Véronique Girod-Roux, responsable du développement et de la gouvernance des certifications professionnelles au sein de GEM.
Un contrôle renforcé des partenaires
Pour l'école grenobloise, la réforme de 2018 a marqué une rupture dans la gestion de son réseau. Les nouvelles exigences attendues des certifications professionnelles et la note de France compétences ont fourni un cadre de référence. « Nous avons significativement renforcé nos process de sélection et de contrôle », confirme Véronique Girod-Roux. L'École de management de Grenoble a ainsi formalisé son cahier des charges autour du recrutement et du suivi des formateurs et a mis en place un jury de sélection sur la base d'une dizaine de critères. GEM a également prévu de procéder à des audits spontanés. Le Collège de Paris avait organisé ses modalités de contrôle avant la réforme de 2018. Mais le groupement se montrera plus attentif que jamais au suivi des taux d'insertion enregistrés par ses partenaires.
De nouvelles offres de service à destination des partenaires
En parallèle, les deux certificateurs renforcent leurs offres de service. GEM propose ainsi des formations destinées aux responsables pédagogiques de ses partenaires, ouvre l'accès à la communauté des Alumni ou encore aux ressources de l'école. Autre axe envisagée pour soutenir la qualité de leur réseau, le Collège de Paris et GEM prévoient d'accompagner leurs partenaires dans leur digitalisation. Le métier de certificateur se professionnalise, de l'enregistrement de sa certification à la gestion de son réseau. Et ces compétences ont un prix. GEM a choisi un droit d'entrée fixe et une redevance par stagiaire correspondant à un pourcentage du coût de la formation. Le Collège de Paris, de son côté, demande à ses partenaires une redevance par stagiaire entre 400 et 600 euros. « Nous pourrions y renoncer et nous rémunérer sur une partie des revenus de la formation », ajoute Olivier de Lagarde. Reste pour les deux certificateurs un enjeu à plus long terme, celui d'améliorer leur visibilité auprès de l'écosystème de la formation et auprès du grand public.
France compétences précise ses attentes pour le Répertoire spécifique (RS)
Le taux de rejet des dossiers d'enregistrement au Répertoire spécifique (ex-Inventaire) atteint 80% en 2020. Boostées par la plateforme CPF, les demandes ont explosé sans que les certificateurs n'aient toujours bien pris la mesure des exigences du régulateur. Conscient de la nécessité de faire de la pédagogie, France compétences a mis en ligne le 20 octobre dernier un guide d'enregistrement au RS. Sur 18 pages, ce document rappelle les objectifs d'adéquation aux besoins du marché du travail portés par le projet de certification, précise les attendus de l'écriture en compétences ou encore de l'ingénierie de certification et d'évaluation. Fruits de l'expérience des instructions, des points de vigilance y sont également identifiés. |
Notes
1. | ↑ | Répertoire national des certifications professionnelles (RNCP) et répertoire spécifique (RS) |