Covid-19 : témoignages de salariés de Geiq en première ligne
Ils travaillent dans l'aide à domicile, en Ehpad ou dans le nettoyage. Ces salariés en insertion, employés par un Geiq (Groupements d'entreprises pour l'insertion et la qualification) réalisent des tâches indispensables pendant l'épidémie, mais sont aussi très exposés. Témoignages.
Par Mariette Kammerer - Le 02 avril 2020.
Aurélie, 30 ans, est en contrat de professionnalisation de 20 mois au Geiq Silver Nouvelle Aquitaine, pour préparer le diplôme d'aide-soignante. "Je travaillais déjà à l'Ehpad de Fargues comme "faisant-fonction", avant de suivre cette formation grâce au Geiq. Ayant déjà une mention complémentaire à domicile, je n'avais que 4 modules à passer, que j'ai pu valider avant la crise, heureusement car en ce moment les cours sont annulés. Je dois être diplômée en juillet, après mon dernier stage. Dans l'Ehpad où je travaille nous sommes bien dotés en personnel et il n'y pas d'absents, malgré l'épidémie. La direction a interdit les visites extérieures bien en amont du confinement et nous avons eu des dons de masques, ce qui a jusqu'à maintenant empêché les contaminations. L'organisation du travail a été modifiée en interne: chaque soignant et agent de service doivent se cantonner à un secteur, un couloir, et ne pas intervenir dans tout l'établissement. Nous avons trois réunions par semaine, un temps d'échange avec les cadres et la psychologue. On est bien entourés, c'est pour ça que je veux rester dans cet établissement, mais on a quand-même le stress d'attraper la maladie à l'extérieur et de la transmettre aux résidents".
Titre d'assistant de vie aux familles
Dalila, après 30 ans passés dans l'imprimerie, prépare le titre d'assistant de vie aux familles. En contrat de professionnalisation de 13 mois avec le Geiq Aide à domicile Centre-Val-de-Loire, elle est mise à disposition de l'ADMR de Pithiviers. "Mon contrat d'alternance devrait se terminer fin avril, mais il me manque un CCP pour valider le titre complet et l'examen a été reporté en juin. En ce moment, le centre de formation étant fermé, nous travaillons cinq jours sur cinq au lieu de trois. Cela arrange bien l'association car on compense les absences d'autres salariés. Les tâches qu'on réalise à domicile auprès de personnes sont assez larges: on s'occupe des toilettes, des repas, des courses, du ménage. Nous sommes déjà habituées à respecter des règles d'hygiène, comme se laver les mains en entrant chez une personne, mais là on doit aussi désinfecter les poignées de portes, les interrupteurs, etc. Au début on manquait de masques, maintenant on en a reçu un stock et j'en porte à chaque intervention, c'est plus prudent et ça rassure les bénéficiaires. On a aussi notre gel hydro-alcoolique et une solution pour désinfecter le volant de notre voiture. Je n'ai pas vraiment peur d'attraper la maladie ni de la transmettre car je respecte bien toutes les consignes. Pour l'instant nous n'avons pas de cas de contamination, notre hiérarchie nous demande d'alerter au moindre signe chez un usager, car nous sommes souvent leurs seules visites. J'aime bien ce métier car on reçoit beaucoup des personnes qu'on aide".
CQP d'agent machiniste
Hassan, 49 ans, est arrivé en France il y a un an et demi, après avoir été policier au Maroc, et ouvrier d'usine en Italie. L'entreprise de nettoyage dans laquelle il travaille lui a proposé de suivre une formation pour obtenir un CQP d'agent machiniste classique. "Je travaille dans des cages d'escalier, des immeubles, des bureaux, je désinfecte, je nettoie, je dépoussière. En formation on apprend quelle zone on doit nettoyer avec quel type de produit. En ce moment on travaille avec des gants et des masques, on sait qu'il faut être prudent et garder une distance pour parler aux gens. Il faut gérer le risque, on peut pas s'arrêter de travailler, surtout en ce moment où le nettoyage est si important".